L’attrition, la stratégie russe 🇷🇺 pas excellence
Depuis de nombreuses années, la Russie n’est pas capable de de gagner des batailles sans utiliser son potentiel d’attrition. L’Ukraine 🇺🇦 pourrait donc changer de stratégie.
En mettant de côté la Seconde Guerre Mondiale (nombre incalculable d’hommes et moyens conséquentes), les dernières guerre de la Russie/URSS se sont toutes matérialisées par une importante bataille d’attrition. L’artillerie est le principal atout russe. Les exemples récents prouvent ce fait, Grozny et Alep ont été prises grâce à une très importante campagne d’artillerie. En Ukraine, je vais le développer, ce fut la même chose :
Les progressions dans le nord et dans le sud étaient importantes et sans soutien d’artillerie parce qu’elles étaient peu opposées. L’artillerie n’a pas pu être déployée massivement devant Mykolaiv et Kyiv, ce qui explique les défaites russes. Faisons une liste des villes capturées par la Russie après la phase de progression initiale (février-avril). Marioupol, Popasna, Roubijne, Sievierodonetsk, Lyman, Soledar, Bakhmout, Avdiivka, Krasnohorivka, Marinka.
Chacune de ces villes a été rasé, au contraire de Koupiansk, Izioum ou Kherson lors de leur libération par l’Ukraine.
L’Ukraine sait très bien jouer du mouvement, notamment grâce à sa souplesse d’engagement.
L’armée russe est une armée très lourde. Le 24 février 2022, c’est sa version légère de 120-200 000 hommes qui est déployée, principalement les unités de manœuvres et leurs blindés.
L’artillerie n’entre en action massivement que dans le Donbass.
Quand j’évoque l’attrition, je parle de l’usure de l’adversaire par plusieurs moyens : les frappes massives (aériennes, artillerie, drones) suivi pas des assauts massifs (blindés, infanterie).
C’est exactement ce qui est à l’œuvre en Ukraine.
Regardez, à l’exception de la progression entre Prohres et Novohrodivka, toute progression russe s’est faite avec un soutien de frappes massif.
La conséquence, c’est que la Russie est moins à l’aise dès que la progression s’accélère, elle n’a pas le temps de s’organiser.
Toujours en s’appuyant sur le thread de @OSINTua, on peut évoquer la répartition de la présence de l’artillerie russe le long de la frontière. L’armée russe s’est retrouvée en difficulté pour la première fois depuis longtemps.
https://x.com/OSINTua/status/1840056547574976589
En effet, les obusiers ont du être déplacés et le stock de munitions n’était pas spécialement destiné à Koursk.
D’où l’omniprésence des frappes aériennes et de missile au début de cette offensive ukrainienne. Aussitôt le front stabilisé, le rouleau compresseur est de retour.
Je soutiens donc la thèse que l’armée russe est très mal-à-l’aise dès qu’elle ne peut plus utiliser massivement son artillerie.
Et clairement, elle n’a pas intérêt à soutenir des progressions rapides tant qu’elle n’a pas affaiblie le potentiel ukrainien.
En 2022, les missiles anti-chars et les drones ont fait beaucoup de mal aux blindés russes. Le stock diminue pour certaines catégories, ce qui oblige la Russie à utiliser d’autres moyens (motos, quad, golf car, MTLB…).
Pour l’Ukraine, la bataille d’attrition a été subie. Certes la Russie a perdu beaucoup d’hommes à Bakhmout, mais le ratio de pertes est très similaire à cause de la puissance de frappe russe.
Et perdre des hommes est un problème important pour l’Ukraine.
Je pense donc que l’Ukraine aurait intérêt à faire revenir du mouvement, pour pouvoir jouer sur un front de nouveau élastique, en attaquant puis contre-attaquant pour jouer sur :
1- Le manque de blindés russes
2- L’impuissance de son artillerie
Ce qui pose problème, c’est évidemment le politique qui ne veut pas céder un km2 de son territoire. Mais parfois dans la guerre, il faut faire preuve d’audace et toujours avoir un coup d’avance sur son adversaire.
Sur la masse, la Russie domine largement l’Ukraine (même si celle-ci est capable de tenir le front), mais l’Ukraine dispose du mouvement, de la planification et du renseignement pour de telles opérations.
Je pense que l’Ukraine ne peut pas gagner la guerre en se mettant au niveau de la Russie, sauf si elle reçoit un soutien d’artillerie suffisant, ce dont je doute.
Elle doit donc changer de stratégie pour gagner la guerre.
Clément Molin
