Dans l’est de l’Ukraine 🇺🇦, après 2 ans et demi de présence ukrainienne à l’est de l’Oskil, l’armée russe tente d’isoler le dispositif ukrainien.
Analyse d’un objectif stratégique pour Moscou.
Sur le front de Dvorichna, l’armée russe est parvenue à traverser l’Oskil en plusieurs points et tente d’agrandir la tête de pont (infanterie uniquement) vers l’ouest et le nord, pour la connecter à la frontière russe.
Une zone qui présente un danger de plus en plus important.
Au sud, la capture de Dvorichna permettra un point de franchissement sur l’Oskil.
De manière générale, l’armée russe pousse vers le sud est, avec comme objectif final l’encerclement de Koupiansk, point clé de la région libéré en septembre 2022.
Dans le secteur, l’objectif de l’armée russe serait d’isoler Koupiansk (simulation réalisée à partir de la carte d’@UAControlMap).
Une attaque du type au nord-ouest de la ville après agrandissement de la tête de pont mettrait la ville en état de semi-encerclement.
Plus au sud, à Senkove (un des rares point de passage sur l’Oskil, capturé il y a 6 mois), l’armée russe pourrait tenter une traversée après avoir avancé un peu plus au sud.
Cela permettrait de refermer la tenaille sur Koupiansk par le sud.
L’offensive russe sur le secteur de Senkove a largement ralenti ces derniers mois, la pression reste importante vers le sud et le sud-ouest, en direction du prochain pont sur l’Oskil, Borova.
Les ukrainiens sont réfugiés dans leurs 2 lignes défensives (trop grandes tranchées…)
Dans le secteur, le mouvement russe reste plus difficile à prévoir, en plus de l’éventuelle traversée à Senkove, l’armée russe pourrait pousser vers le sud sur Borova, prenant à revers une partie des défenses.
Les bombardements et combats de positions continuent sur ce front. Comme observé partout, la prédominance des drones est désormais quasi absolue.
Sans oublier les frappes aériennes, en hausse ces dernières semaines.
C’est le principal évènement du moment, entre Borova et Lyman, l’armée russe est parvenue en l’espace de deux mois à traverser la rivière Zherebets et à s’emparer de l’ensemble du système fortifié ukrainien.
Elle progresse désormais vers l’ouest.
A l’avenir, il est probable que l’armée russe tente de couper Borova de Lyman, on pourrait voir ainsi 4 zones ukrainiennes à l’est de l’Oskil : Koupiansk, Borova, les forêts à l’est d’Izioum et Lyman.
(carte de @UAControlMap pour la simulation)
Ainsi, les 3 villes de Koupiansk, Borova et Lyman se retrouveront bientôt isolées, avec seulement une quantité limitée de ponts vers l’arrière.
Chacune sera témoin de violentes batailles de retardement, comme Lyman en mai 2022, peut-être au second semestre 2025.
A l’arrière, entre la rivière Siverki Donets et la rivière Oskil, le génie ukrainien prépare des fortifications sur l’axe Izioum-Shevchenkove, renforçant également l’axe Tchouhouiv-Schevchenkove.
Environ deux lignes sont en construction, avec beaucoup de petites positions.
En parallèle, nous observons un renforcement des défenses derrière la frontière russe et Vovchansk ou se déroulent les combats.
Voici par ailleurs quelques photos de la ville de Vovchansk, rasée par presque un an de combats urbains et de bombardements russes et ukrainiens.
Un sort similaire attend Koupiansk à mesure que le front se rapproche de la ville.
En somme, le front de l’Oskil est un objectif stratégique.
D’abord, une victoire sur celui-ci permettra de revendiquer la prise de l’oblast de Louhansk (une seconde fois) au niveau tactique, cela ouvrira la voie vers Sloviansk et le nord Donbass.
Politiquement et diplomatiquement, l’établissement d’une ligne de front sur l’Oskil est une victoire espérée par Moscou depuis octobre 2022 après la défaite à Kharkiv.
Militairement, ce sera un moyen d’envoyer des troupes combattre ailleurs, notamment Kramatorsk.
Clément Molin