Comprendre l’organisation générale du système défensif ukrainien 🇺🇦 du Donbass
La valorisation du terrain est importante pour toute armée qui joue sur la défensive. En 2023, l’armée russe avait creusé sa propre ligne « Surovikin ».
La première image montre mon interprétation des lignes de défenses ukrainiennes. Je rajoute ici une seconde version avec les lignes défaites durant les deux dernières années de combats.
Le vert représente la progression russe depuis octobre 2023.
Les lignes de défenses ont plusieurs objectifs : se protéger contre les frappes d’artilleries (tranchées, bunkers…), empêcher une percée ennemi (fossés-antichars), se cacher sous terre.
En général, ces lignes de défenses s’appuient sur des hauteurs, les berges d’une rivière, l’orée d’une forêt, devant une ville…
Exemple devant la ville de Pokrovsk, les lignes suivent des chemins cohérents.
Chaque ligne de défense a un objectif, il y en a par exemple 4 devant Pokrovsk et Kramatorsk. Cet objectif peut donc être un centre urbain stratégique, une route importante, une rivière…
Je vais tâcher de nommer ces différentes lignes de défenses.
Le sud-donetsk me semble la zone la moins défendue malgré le risque de l’offensive russe actuelle.
Les positions fortifiées et bunkers ont été conquis depuis octobre 2023, la nouvelle ligne ‘sud donetsk’ me semble insuffisante.
La défense de Pokrovsk s’organise comme suit : 4 ligne de défenses (+ une juste après Avdiivka). La 4ème est actuellement renforcée, la troisième résiste depuis un mois.
D’autres servent la défense des flancs de la ville.
Entre Pokrovsk et Kramatorsk, le front « centre » de l’oblast de Donetsk est présent autour de Toretsk et Kostiantynivka.
Les lignes de défenses sont nombreuses et renforcées, un effort particulier est porté autour de Kostiantynivka et vers Dobropilla.
Les défenses de Kramatorsk sont vraiment impressionnantes, elles datent en partie de 2014, elles ont été renforcées en 2022 et le sont encore.
La ligne de défense du Canal résiste depuis 4 mois aux assauts sur Tchasiv Yar.
Enfin pour l’oblast de Donetsk, je rajouterai celles autour des rivières Oskil et Siverski Donets, en particulier autour de Lyman.
On y trouve de nombreux fortins espacés de quelques centaines de mètres.
Vous avez donc une vision globale sur le système défensif ukrainien.
Toutes les lignes ne se valent pas. Parfois, une ville ou une rivière peut être plus efficace que des tranchées. A proximité du front, la présence de bunker que je ne peux pas cartographier aide à la défense.
La méthode de recherche reste la même : j’utilise des images satellites en libre accès sur Sentinel-2, qui me permettent de cartographier les principaux ouvrages défensifs. Pour plus de précision, j’utilise aussi Esri et Google earth (images un an en arrière).
Est-ce que je révèle des informations classifiées ?
Non.
Chaque jours, des centaines de drones de reconnaissance volent au dessus de l’Ukraine. Les satellites russes voient ce que Google Earth voit, mais tous les jours, rien à voir avec la précision de Sentinel.
Ma carte reste généraliste, je ne peux pas voir ce que voit un drone russe. Mon but n’est donc pas de révéler des secrets. Comprendre le système défensif ukrainien, ses failles et sa construction permettent un bel aperçu de la situation au front.
J’ai d’ailleurs fais pareil côté russe, mais il n’y a pas beaucoup d’actualisations à faire.
Voici par exemple ces fortifications à l’échelles de l’Ukraine, il n’y a pas que l’oblast de Donetsk avec qui j’ai beaucoup travaillé.
Voici par exemple ces fortifications à l’échelles de l’Ukraine, il n’y a pas que l’oblast de Donetsk !
Clément Molin