A l’aube de l’année 2025, l’Azerbaïdjan occupe toujours 301 km2 du territoire Arménien quand l’Arménie occupe 77 km2 de l’Azerbaïdjan.
Une analyse complète de la frontière :
La frontière actuelle entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan date de l’Union Soviétique, il n’y a pas eu d’accords officiels depuis, compte tenu de l’état de guerre entre les deux pays à partir de 1988 et jusqu’en 2023, ce qui a modifié le tracé originel.
Dans cette analyse, nous pouvons découper la frontière entre les deux pays en 3 parties.
-La frontière directe de la Géorgie à Vardenis
-La frontière avec le Nakhitchevan à l’ouest
-La frontière avec l’ancien territoire du Haut Karabagh qui a beaucoup changé en 4 ans.
Compte tenu de la guerre, les deux camps ont positionné tout au long de leur frontières des positions militaires et des tranchées.
De fait, la géographie montagneuse et valonnée du Caucase a fait que chaque camp a profité de son avantage pour se positionner chez le voisin.
Ainsi, nous voyons très bien dans ce cas d’étude que la frontière bilatérale reconnue en jaune n’est pas appliquée, au contraire d’une ligne plus directe entre les positions de chaque camps.
Mais il y a certains endroits ou c’est plus problématique que d’autres.
C’est le cas de notre second cas d’étude, la région de Voskepar, qui a par ailleurs vécu les premiers accords d’échanges de positions cette année 2024, provoquant les manifestations du mouvement « Tavush ».
A Voskepar dans le Tavush se situait la principale zone d’occupation Arménienne de l’Azerbaïdjan.
Deux enclaves et plusieurs villages. A noter que l’Azerbaïdjan occupe également du territoire Arménien dans la région.
Les négociations de 2024 ont permis un retrait de plusieurs positions Arméniennes et Azerbaïdjanaises dans la région de Voskepar.
Plusieurs maisons du village sont passées sous contrôle Azerbaïdjanais, ce qui a provoqué un mouvement de contestation national.
Cette année, l’Arménie a rendu environ 3 km2 de territoire occupé à l’Azerbaïdjan, ce qui a fait passé le nombre total de territoire occupé de 80 à 77 km2.
A noter que ce chiffre est longtemps resté équilibré l’Azerbaïdjan occupant 88 km2 de territoire Arménien.
Cependant, tout a changé en septembre 2022, deux ans après l’humiliation arménienne au Haut Karabagh.
Il faut savoir que la frontière Arménie-Haut Karabagh n’était absolument pas pourvue de positions, il a donc fallu les construire hâtivement dans une zone de haut montagne.
Ainsi, il est facile d’observer avec les images satellites de Google Earth les positions militaires et les routes qui y mènent, facilitant donc une cartographie précise de la zone.
Chaque camp veut occuper la hauteur la plus stratégique et doit construire des routes.
A quoi ressemblent les positions des deux camps ?
Compte tenu de la hauteur des montagnes, il n’y a pas de forêts, il est donc très facile de repérer les équipements militaires et de fait difficile de mettre en place une défense aérienne contre les drones.
En septembre 2022, donc, l’armée Azerbaïdjanaise s’est emparé par la force de plus de 213 nouveaux km2 de l’Arménie, à Vardenis, Djermouk, Goris et Kapan.
A chaque fois, ce sont des positions stratégiques en haut des montagnes qui ont été prises.
A Vardenis tout d’abord, ce sont 74.5 km2 qui sont occupés, tous dominant la vallée et une partie du territoire Arménien.
La mine d’or de Sotk qui se trouve à proximité reste également inactive, coupée en deux.
A Djermouk, la situation est plus compliquée pour l’armée arménienne qui a perdu 77 km2 avec une progression Azerbaïdjanaise de 6 km sur 12 de largeur, à seulement 6 km de la ville de Djermouk.
Voici quelques images montrant les positions des deux camps à Djermouk au regard de la topographie.
Ensuite à Sisian et Goris, l’armée Azerbaïdjanaise occupe plusieurs positions militaires importantes, dominant la route Iran-Yerevan, notamment autour du Lac Sev.
Enfin, au sud de Kapan près du village de Nerkin Hand, l’Azerbaïdjan occupe 21 km2 de territoire Arménien.
Ainsi, alors que les négociations continuent grâce à la bonne volonté des deux parties, le rapport de force reste largement à l’avantage des forces armées azerbaïdjanaises qui détiennent 301 km2 de territoire Arménien dont une enclave face à l’Arménie (77 km2, 3 enclaves).
Dans l’actualité Caucasienne et la volonté arménienne de devenir un Etat clé de la route Indienne vers l’Europe, la question des frontières est cruciale.
L’avenir pacifié du Caucase et l’ouverture d’un nouveau chapitre des relations Arménie-Azerbaïdjan passe par la résolution de la question des frontières et le retour de la pleine souveraineté Arménienne et Azerbaïdjanaise.
Clément Molin
