Point de situation – Front de Kherson/Mer Noire 🇺🇦🇷🇺
Le plus inactif des fronts ukrainiens, entre la mer Noire et le Dniepr, mérite une analyse des enjeux et des mouvements.
1er thread d’une série de points de situation couvrant la reprise offensive russe.
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Depuis la fin des opération ukrainiennes sur la rive gauche, à Korsunka ou Krinky, les opérations amphibies ont été largement réduites à des opérations locales de sabotages et d’infiltration, principalement sur les iles du Dniepr, entre Kakhovka et Kherson.
Côté ukrainien, le dispositif défensif s’organise autour de 3 brigades de défenses côtière (ex-mécanisée ou territoriale) ainsi que plusieurs bataillons et brigades ayant différentes mission, drones, artillerie, défense territoriale, défense aérienne, forces spéciales…
Ce dispositif ukrainien se repose sur deux lignes de défense, la première, difficilement cartographiable est présentes directement sur les berges du fleuve et en arrière, avec des champs de mines et des positions de tirs, sans oublier que l’Ukraine tient les hauteurs.
La seconde ligne est un vaste ensemble fortifié qui s’étend des rives du Boug et de la mer Noire jusqu’au nord de la région de Kherson.
Cette ligne est composé des dents de dragons, d’un fossé anti-char et de nombreuses positions.
Ensuite, il y a 3 villes principales qui sont fortifiées. Kherson, avec un demi cercle de tranchées et positions allant de l’ouest à l’est (le sud n’est pas fortifié parce que la ville est directement sur le dniepr).
En rouge, les tranchées creusées en 2025.
Krivi Rih et Mykolaiv disposent toujours des défenses de 2022-2023, tandis qu’un nouveau fossé-antichar semble avoir été creusé entre Nova Odessa et Mykolaiv (possibilité que ce soit un canal pour l’approvisionnement en eau, à vérifier).
Dans la région d’Odessa, on remarque également un grand réseau de fortifications (principalement fossés anti-char) à la frontière transnistrienne et Moldave, couplé par des défenses de 2022 au nord d’Odessa.
A cela s’ajoute un réseau de positions sur les rives de la mer Noire.
Côté russe, le dispositif n’a presque pas changé depuis 2 ans, deux armées, 49ème et 18ème, un corps d’armée 40ème qui déploient 3 divisions, 9 brigades et plusieurs bataillons et régiments tout le long du dniepr.
La défense russe s’échelonne sur un peu plus d’étapes, sans grande ligne claire. Les iles du dniepr, en partie contrôlées par Moscou, la rive gauche avec un important réseau de tranchées, sans oublier les fortifications sur l’isthme de Perekov vers la Crimée.
Les deux armées sont donc dans la passivité de l’attente sur les rives du fleuve, marqué par des bombardements réguliers et quelques opérations sur les iles du Dniepr.
L’armée ukrainienne mène des frappes aériennes localisées, notamment sur les bases russes ou sur les ponts, comme ici entre Oleshky et le pont Antonovski.
L’armée ukrainienne poursuit sa stratégie de défense aérienne low cost contre les drones russes à voilure fixe (observation), comme ici à l’ouest de Kherson, au dessus de l’aéroport.
Les drones russes continuent de cibler systématiquement les civils ukrainiens se déplaçant dans la partie ouest de la ville de Kherson, ce qui constitue des crimes de guerres documentés depuis des mois.
L’aviation russe poursuit par ailleurs sa campagne de bombardements des positions ukrainiennes dans les villages le long du Dniepr.
Sur la mer Noire, il n’y a pas de mouvements particuliers, notamment avec le retrait de la flotte russe vers la partie ouest de celle-ci.
Les forces spéciales ukrainiennes continuent de reprendre le contrôle des plateformes gazières en mer Noire.
Enfin, terminons par la nouvelle innovation ukrainienne, les drones navals embarquent désormais des drones kamikazes FPV qui opèrent au dessus de la Crimée, multipliant les pertes dans la défense aérienne, le ravitaillement et les embarcations de l’armée russe.
Clément Molin