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Dans le Nord-Ouest de la Syrie 🇸🇾, une contre-révolution menée par les loyalistes à l’ancien régime inquiète Damas qui riposte

Des centaines de civils ont été massacrés au milieu des combats, la Syrie alaouite s’embrase.

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Depuis la prise de pouvoir d’Hayat Tahrir Ash Sham à Damas en décembre dernier, la guerre en Syrie s’est poursuivie, partout dans le pays, engageant différentes factions rivales.

Le nouveau gouvernement, largement mené par HTS tente de contenir les insurrections.

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Ce gouvernement a mis en place un grand ministère de la défense, chargé d’encadrer les groupes. Cette tâche est difficile, parce que l’armée est hétéroclite, ethniquement et politiquement.

Il est donc très difficile de contrôler cette armée. 

Que ce soit l’invasion israélienne 🇮🇱 au sud ouest, la rébellion des Druzes au sud et à Damas, les combats sporadiques entre Kurdes et pro-Turques et la contre-révolution des loyalistes à Al Assad, la Syrie a du mal à se stabiliser.

(map @Suriyakmaps)

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Ces derniers jours, l’actualité a été marquée par de très violents affrontements entre une insurrection principalement Alaouite (mais qui ne se résume pas à ça) constituée de poches loyalistes à Al Assad qui résistent depuis plusieurs mois autour de la côte.

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Depuis décembre, la Nouvelle Armée Syrienne mène de nombreuses opérations pour désarmer les soldats et dignitaires de l’ancien régime.

Des combats éclatent régulièrement à la frontière libanaise et dans les grandes villes, Lattaquié, Tartous, Homs…

Ces derniers jours, les insurgés pro régime venus du maquis et des villages isolés ont pris d’assaut une partie de la région, capturant des soldats de l’armée et tirant sur la foule qui affirmait son soutien au pouvoir à Homs.

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Plusieurs bases ont été capturées, ce qui a permis aux insurgés de prendre des armes et des munitions, ensuite distribuées aux civils anti-nouveau régime.

En réalité, on observe une peur généralisées des minorités (druzes, alaouites, chrétiens), notamment face aux perquisitions contre les membres de l’anciens régime. 

Ceux-ci s’arment donc en conséquence et créent des groupes d’auto-défense, ce que l’armée veut combattre.

Hier dans la région de Lattaquié, le gouvernement de Damas a envoyé une importante armée, marquant son inquiétude.

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Si les unités régulières de l’armée semble s’être comportées de manière correcte et professionnelle, de petits groupes de djihadistes qui venaient d’Idlib ou même de soldats de l’ANS se sont adonnés à des exactions inqualifiables.

Ces groupes font partie de l’armée.

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Ainsi, le bilan fait état d’une centaine de soldats tués de chaque côté ainsi que de plusieurs centaines de civils massacrés, principalement pour la simple raison d’être alaouite.

Ces massacres, qualifiés de nettoyages ethniques sont une honte pour Damas. 

Dans plusieurs villes de la côte, des dizaines de civils ont été massacrés par des hommes non-identifiés, la majorité faisant partie de groupes djihadistes.

La majeure partie sont des hommes. Ces exactions vont renforcer les rangs des insurgés dans le nord-ouest du pays. 

Je vous partage plusieurs thread de @CdricLabrousse qui est le plus neutre et le plus à même de parler de ces massacres.

Ici, des massacres de civils à Baniyas.

Ici une explication des enjeux :

Il identifie qui sont les responsables, écartant le gouvernement :

« Le gouvernement ? Il n’est pas à la manœuvre. Ne contrôlant qu’une partie du pays et, plus grave et inquiétant, qu’une partie des hommes armés dans ce pays. » Soyons clair, Al Sharaa, qui a besoin d’argent pour reconstruire le pays et de légitimité n’a aucun intérêt à mener de telles exactions. Ainsi, dire que ces exactions ont été provoqués par l’arrivée des djihadistes à Damas est totalement faux.

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Al Sharaa exerce une gouvernance tout à fait ouverte et inclusive, ce qui déçoit ses anciens alliés d’Idlib, dont les plus radicalisés.

Ce sont eux qui gangrènent l’armée syrienne et qui s’adonnent à des exécutions extra-judiciaires inacceptables. 

La position d’Ash Sharaa et d’HTS va se trouver affaiblie auprès des minorités puisque des membres à part entière des forces de sécurités sont responsables.

Evidemment, le cas des djihadistes étrangers est important :

Un autre responsable, les reliquats de l’ANS, l’armée pro-turque du Nord de la Syrie intégré auprès de l’armée et qui est connue pour des exactions.

Ainsi, la Syrie est une nouvelle fois au bord de deux guerres ouvertes (elle est déjà sujette à l’invasion israélienne et aux combats entre kurdes et pro-turcs) :

-Entre les loyaux à Assad et le gouvernement
-Entre les forces du gouvernement mené par HTS et leurs anciens alliés djihadistes qui se sent trahis. 

Damas, qui a déjà du concéder le maintien des armes dans les mains Druzes, Kurdes et du Conseil militaire du sud va devoir faire plus d’efforts pour purger l’armée, renforcer son commandement et faire preuve d’ouverture.

Les exactions sont un échec terrible pour Al Sharaa. 

Nous n’oublierons pas que la transition politique en Syrie se fait de manière très violente et que le défis est immense pour les nouvelles autorités.

Des centaines de civils et militaires de l’ancien régime se sont par exemple réfugiés sur la base aérienne russe à Lattaquié.

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Un point plus personnel pour conclure, j’ai toujours estimé que le gouvernement de Damas mené par HTS s’était bien éloigné de ses origines, marquant une ouverture impressionnante. Néanmoins, cette ouverture est mal vue par les djihadistes syriens et étrangers qui se sentent trahis. Al Sharaa a marqué son ouverture vers toutes les confessions et même les anciens dignitaires d’Assad. Certains ont fait le choix de la rébellion et de la violence, dans l’arrière pays alaouite.
Forcément, le gouvernement se devait de combattre cette insurrection, il a d’ailleurs été largement soutenu lors du lancement de cette opération. Cependant, l’engagement sur le terrain de forces non-controllées par l’armée ou de forces militaires extrémistes (qui prônent le nettoyage ethnique), a provoqué des scènes tout à fait inacceptables. Le gouvernement français doit mettre la pression sur Damas pour que les massacres ciblés de chrétiens et alaouites cesse.

Clément Molin

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