La poursuite de la guerre en Ukraine favorise-t-elle la Russie 🇷🇺 plus que l’Ukraine 🇺🇦 ?

Il est souvent admis que le temps long joue avec Moscou, mais je ne suis pas d’accord, pour plusieurs raisons.

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Si on regarde l’historique de la guerre, on remarque que Poutine ne s’était pas vraiment préparé à une guerre longue.

Il avait prévu quelques semaines de campagne militaire tout au plus. Evidemment, la résistance ukrainienne s’est matérialisée sur ces semaines.Image

Dès mai, l’armée russe se retire de Kyiv, Tchernihiv, Soumy et Mykolaiv, battue devant les villes et incapable de tenir face aux contre-attaques.

Elle va alors se réorganiser pour la 1ère bataille du Donbass, Marioupol et Sievierodonetsk. 

En 2022, beaucoup d’observateurs estimaient que la Russie allait s’effondrer en partant de cette observation faussée :

L’armée russe était simplement mal organisée et éparpillée, conduisant aux défaites à Kharkiv et Kherson.

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Que ce soit à Bakhmout en 2023, dans le sud de l’Ukraine à l’été 2023, ou dans le sud Donetsk depuis 15 mois, Moscou a changé sa stratégie à plusieurs reprises, de l’assaut massif à la défense acharnée.

Mais cela a un prix. 

La question est donc de savoir si le temps long bénéficie la Russie ?

Je pense que non. On le voit de plus en plus, mais l’industrie de défense russe n’est pas en capacité de remplacer les pertes. Et ces pertes sont beaucoup trop importantes.

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Cela a une conséquence directe, la disparition du potentiel mobile de l’armée russe qui devient de plus en plus statique, avec comme principale composante son infanterie et une artillerie viellissante utilisant massivement les munitions nord-coréennes, souvent peu fiables.

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Cette perte de mobilité avec une absence de plus en plus visible des transporteurs de troupes et des moyens blindés rend la perspective d’une percée décisive difficile.

De l’autre côté, l’armée ukrainienne conserve largement son potentiel, avec une livraison de MRAP constante.

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Pour l’Ukraine, le long terme signifie moins d’hommes, des difficultés économiques et un soutien européen instable.

Mais c’est aussi le moyen de préparer des défenses, de faire des pertes à l’adversaire et d’envisager des contre-offensives.

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Si la Russie essaie de glaner un cessez le feu, c’est bien parce qu’elle a besoin de temps, environ 3 ans, pour reconstruire son armée et réattaquer de manière préparée. Tant que la guerre dure, elle ne peu pas le faire.

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Sur le temps long, la guerre provoque la ruine économique de Moscou. Si l’effet des sanctions reste invisible, il est tout de même réel.
La Russie a perdu son premier client de son premier poste d’entrée d’argent et vend désormais ses hydrocarbures à un prix bradé.

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L’effet des sanctions reste invisible parce que l’industrie russe a sû se montrer résiliente.

Mais les dépenses militaires sont bien trop importantes pour être viable (l’économie russe correspond à l’économie italienne) et paupérisent la Russie. Le problème économique est structurel, que ce soit les industries de défense, les entreprises et les milliardaires, tous ont perdu d’immenses part de marchés. Le temps long ne peut être que plus difficile pour la Russie. Quand à la situation sur le front, même si l’armée russe avance, cette progression constante reste très lente et couteuse, en hommes, munitions et matériels. Moscou, qui avait misé sur un essoufflement occidental sur le temps long n’a également pas anticipé une résilience.

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Aujourd’hui, même si les États-Unis lâchent Kyiv, les Européens sont déterminés à obtenir une paix juste et certains sont prêts à envoyer des troupes au sol pour la garantir.

Une nouveauté que Moscou n’avait pas anticipé et à laquelle elle s’oppose.

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Des deux côtés, la poursuite de la guerre apporte des perspectives de victoire mais aussi d’immenses défis.

Aucun des deux camps n’a gagné, mais aucun n’a perdu, le temps long n’est donc pas spécialement avec la Russie.

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Clément Molin

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