Sur le front de Koursk 🇺🇦 en Russie 🇷🇺, l’enlisement des forces avant l’hiver.
Aucun des deux camps n’est parvenu à repousser durablement son adversaire durant les dernières semaines, de quoi remettre en question leurs stratégies.
Sur la partie ouest du front de Koursk, l’armée ukrainienne a pu avancer en direction de Glushkovo qui se retrouve désormais sous le menace directe des bombardements.
Pourtant, l’Ukraine ne doit pas se réjouir de ces petites progressions.
Dans ce processus, les ukrainiens ont subi des pertes, notamment sur l’axe de Sadovoye. La carte montre ainsi que Glushkovo reste largement isolé la rivière Seym et les territoires ukrainiens tout autour.
Comme nous pouvons l’observer sur cette vidéo de chasseur russe (Su-25), le terrain autour de la rivière est relativement dégagé, ce qui favorise la visibilité des russes.
Comme le rappelle @escortert dans son dernier point, les russes réussissent à ravitailler leurs troupes.
Les drones ukrainiens multiplient les frappes contre les cibles russes dans Glushkovo. Pour autant, je ne crois pas que les ukrainiens soient en capacité de s’emparer de la ville, notamment parce les unités engagées ont des difficultés à prendre les centres urbains (Veseloe).
Cette opération ukrainienne avait pour but de contrer l’opération russe qui avait percé dans les lignes de la 103ème brigade de défense territoriale.
L’arrivée des russes à l’ouest de Soudja reste pour le moment exclue avec une ligne ukrainienne de nouveau solide.
Sur la partie est du front de Koursk, la situation reste très calme depuis presque un mois, les deux camps se sont retranchés, l’armée russe n’a poussé que vers Borki, reprenant le village il y a deux semaines.
Soudja reste hors d’atteinte à l’est également.
Nous ne pouvons pas exclure que l’armée russe (qui est censée reprendre le terrain dans un cours délais) lance de nouvelles offensives mécanisées de grande ampleur pour libérer l’oblast de Koursk de la présence ukrainienne.
Surtout que la force russe présente est importante.
Les deux camps poursuivent leurs campagnes de frappes aériennes et d’artillerie :
-Frappe de FAB 500 RU sur les forêts
-Frappe de HIMARS UKR sur les pontons
-Frappes d’artillerie sur des bases russes
-Repérage d’un système S-400 qui protège la centrale nucléaire à Kourchatov
En reprenant la carte générale, je vais désormais essayer d’analyser la situation et la stratégie des deux camps :
Commençons par la stratégie ukrainienne.
Attaquer à Koursk n’était ni une bonne idée, ni une mauvaise. L’attaque initiale était parfaitement réalisée, la surprise obtenu en étant la clé.
Cependant, il y a eu une erreur importante, celle de n’avoir pas eu de second échelon suffisant. Korenevo aurait du être prise.
Sur le volet de politique nationale, l’offensive a pu regonfler le moral, libérer plusieurs centaines de prisonniers ukrainiens et divertir l’attention.
Pourtant, la progression russe n’a absolument pas ralentie dans l’est.
Je n’en suis pas surpris mais il n’y a pas eu de réaction importante en Russie, même Poutine parlait d’opération anti-terroriste. La mobilisation d’unités n’a pas détourné beaucoup de forces du Donbass.
On parle ainsi de 30 000 à 50 000 hommes prélevés partout.
Dans cette offensive, globalement, les objectifs et les résultats ont été limité. Du côté russe, les premiers jours ont été catastrophiques, mais la casse a également été limité par une réaction rapide et plutôt organisée avec le temps.
Je l’ai évoqué dernièrement, mais je pense qu’il y a toujours autour de 3 paramètres importants dans la guerre : le facteur militaire (qui intègre la logistique, le tactique et le stratégique…), le facteur de politique interne et le facteur diplomatique.
L’offensive de Koursk a eu un faible effet militaire, permettant d’occuper du territoire russe et donc que les frappes russes touchent le territoire russe.
L’effet de politique interne s’estompe avec le temps (mobilisation compliquée, pertes humaines, matérielles…).
Mais le principal coup porté à la Russie est diplomatique :
-fin des lignes rouges
-soutien des alliés pour frapper la Russie
-Montrer que l’Ukraine peut encore avancer
-Montrer que la Russie ne défend pas sa frontière
Les élections présidentielles Américaines approchent, et Kyiv est terrifié. Nous l’avons vu avec la présence de Zelenski à la tribune de l’ONU (rencontre avec Trump).
Pour le contexte de l’élection, je vous laisse lire l’article d’@atummundi sur le sujet:
La stratégie russe de tenir à tous prix Korenevo et Glushkovo puis de lancer une contre-attaque des VDV et des Marines a été payante, mettant désormais l’Ukraine en difficulté.
Mais la longueur de la présence ukrainienne commence à poser problème (retranchement).
Au final, cette offensive répond à plusieurs objectifs, on ne peut pas dire que c’est un échec, mais ce n’est pas non plus une réussite.
La Russie menace Koupiansk, va s’emparer de Vouhledar, risque d’encercler Selydove… la situation sur le front n’est pas bonne pour l’Ukraine
Je reviendrai demain sur un des 4 points chauds du front de l’est, en attendant, je vous laisse lire cet excellent point de mon ami @Playfra0 avec qui je travaille régulièrement pour cartographier les tranchées dans la guerre.
@Playfra0 a aussi fait un grand travail sur le système défensif de Pokrovsk, en achetant des images de haute résolution, montrant les tranchées creusées en 2024 à l’est de la ville :
Voilà pour ce point sur le front de Koursk en Russie, malgré un mouvement qu’on ne voit pas ailleurs sur le front, l’enlisement est bien là après presque deux mois.
L’actualité internationale nous ferait presque oublier l’Ukraine et les combats pour l’est.
J’ai actuellement les yeux sur l’offensive de l’armée au Soudan et l’Iran qui voit ses alliés en grande difficulté avec l’offensive Israélienne au Liban.
J’ai également rédigé ce thread sur la Macédoine du Nord et l’Union Européenne pour @atummundi.
Je vais rajouter ce super thread, un peu compliqué de traduire la carte, mais il donne beaucoup d’informations sur l’attaque initiale et l’ordre de bataille actuel.
