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La Corée du Sud, portée par la K-pop et les K-dramas, capte aujourd’hui l’attention de la jeunesse internationale comme jamais auparavant. Un récent rayonnement mondial culturel qui rend enfin justice à leur « histoire plurimillénaire ». Toutefois, alors qu’ils s’enorgueillissent d’avoir été le principal vecteur civilisateur du Japon, les Sud-Coréens ont toujours le sentiment d’être trop fréquemment éclipsés par leurs deux puissants voisins. Ce sentiment combiné à l’humiliation de la colonisation ainsi qu’à la soif de justice, a longtemps envenimé leur rapport envers le Japon. Le ressentiment nourri à l’égard de l’ancien colonisateur est tel qu’il semble constituer une grande part de l’identité nationale. Néanmoins, au sud, le rapport au Japon revêt un caractère paradoxal : bien que l’anti-japonisme demeure tenace, il constitue un modèle en matière d’économie et de stratégie d’influence culturelle pour les Sud-Coréens[2].

Une histoire commune douloureuse

Au XIXe et XXe siècle, les relations nippo-coréennes furent marquées par la domination coloniale japonaise sur la péninsule, une catastrophe pour la Corée. Durant les trente-cinq ans de régime colonial, elle fut exploitée comme une extension de l’empire, servant à répondre aux besoins économiques et militaires de ce dernier. Le coût humain et matériel de cette exploitation fut immense : les ressources naturelles furent massivement pillées, des violations systématiques des droits civiques furent perpétrées par l’État policier, et la population fut mobilisée de force pour soutenir le militarisme japonais, entraînant de nombreuses déportations. Deux éléments en particulier ont profondément marqué la mémoire collective coréenne : « les femmes de réconfort » ainsi que la politique d’assimilation forcée visant à effacer leur identité nationale[3].

Durant la colonisation, notamment pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses femmes ont été recrutées, souvent par la tromperie ou la contrainte, pour servir dans des « stations de réconfort », autrement dit les bordels de l’armée japonaise. Bien que des femmes d’autres pays asiatiques, ainsi que certaines Japonaises et Néerlandaises, aient également subi ce sort, la majorité des « femmes de réconfort » étaient coréennes[4]. Pendant des décennies, elles ont gardé le silence, en partie en raison de l’idéologie de la chasteté profondément ancrée dans la société coréenne[5]. A cela s’ajoute, le traité nippo-sud-coréen en 1965 dans lequel le gouvernement sud-coréen a volontairement choisi de mettre de côté le cas « femmes de réconfort » en échange de l’aide économique du Japon. Ainsi est née ladite « politique de rupture avec le passé », accompagnée de la politique dite de «développement d’abord ». Dans ce contexte, un silence s’est installé à plusieurs niveaux : au niveau international et au niveau coréen, tant du côté du gouvernement que de la population qui stigmatise les victimes[6]. Pourtant, ce silence a commencé à se fissurer dans les années 1990, avec l’émergence des mouvements démocratiques et féministes en Corée du Sud. Ces derniers ont sensibilisé la société aux violences faites aux femmes et ont permis à certaines survivantes, comme Hak-Sun Kim, de témoigner publiquement[7]. Ces révélations ont profondément impacté les relations nippo-sud-coréennes. Avant les années 1990, le Japon niait sa responsabilité dans cette affaire, mais les récits des survivantes et la pression des mouvements féministes et démocratiques l’ont forcé à prendre position. Depuis lors, cette question est devenue une source de tensions diplomatiques récurrentes, notamment en ce qui concerne l’indemnisation des victimes. Le Japon affirme que la question des compensations a été réglée avec le traité nippo-sud-coréen de 1965, tandis que la Corée du Sud, toujours marquée par cette mémoire douloureuse, estime que les crimes du passé n’ont pas été pleinement reconnus ni réparés. Cette divergence alimente des tensions, le Japon reprochant à la Corée du Sud de se positionner en victime sur la scène internationale et d’exploiter l’émotion collective à des fins politiques[8].

Des femmes de réconfort des soldats de l’armée impériale japonaise.

Ce traumatisme historique ne se limite pas aux violences subies par les femmes, il est également inscrit dans une vaste entreprise d’assimilation culturelle et identitaire, menée par le Japon dans l’espoir d’effacer toute trace de l’identité coréenne. Parmi les initiatives, il y avait l’imposition de l’hymne national japonais dans les écoles coréennes dès 1937, accompagnée du « serment du sujet de l’empire », qui contraignait les élèves à déclarer leur allégeance à l’empereur japonais. En parallèle, la langue coréenne fut interdite, marquant une tentative claire d’éradication de la culture linguistique coréenne. En 1939, une autre mesure radicale fut imposée : la pratique du Sōshi-kaimei qui imposa aux Coréens de renoncer à leurs noms traditionnels pour adopter des appellations nipponisées[9]. Le Japon chercha également à imposer le shintoïsme comme religion d’État. Ainsi, dès 1936, la construction de sanctuaires shintoïstes fut ordonnée dans chaque communauté coréenne, et la population fut forcée de les fréquenter pour rendre hommage aux « kami » japonais. Ce projet visait à ancrer spirituellement les Coréens dans les valeurs impériales japonaises, poursuivant ainsi l’objectif d’une assimilation complète, tant culturelle que religieuse[10].

Annonce de l’obligation de changer de nom.

Annonce de l’obligation de changer de nom. 

Pour les Coréens, les Japonais ne sont pas limités à une simple oppression, ils cherchèrent à les déconnecter de leurs racines et à éradiquer les fondements de leur identité. À cela s’ajoute l’humiliation d’avoir été colonisés par un peuple considéré comme culturellement inférieur. Ce sentiment est d’autant plus ressenti que la Corée a, pendant plusieurs siècles, contribué à transmettre des éléments de civilisation continentale au Japon, qui, en retour, n’a su rétribuer que par des actes d’agression. Dans ce contexte, nous pouvons comprendre que la mémoire de la colonisation hante depuis longtemps et pour encore longtemps  la Corée, non seulement pour des questions économiques et politiques, mais aussi territoriales autour des îles Dokdo, appelées Takeshima en japonais. Ainsi, l’identité nationale coréenne s’est façonnée à la fin du XIXe siècle en réaction aux ambitions impérialistes de son voisin, s’efforçant de mettre en lumière la singularité de l’ethnie coréenne. Cela se manifeste notamment dans l’enseignement de l’histoire coréenne, qui cherche à établir la supériorité civilisationnelle de la Corée, illustrée par la figure emblématique de Tangun : le supposé « fondateur du tout premier État Coréen ». Ce personnage, dont la réalité historique reste floue, est présenté de manière ambivalente comme un « récit », sans que l’on précise nécessairement s’il relève du mythe ou de l’histoire, tout en affirmant son rôle de « père de la nation » coréenne. Cette ambiguïté se retrouve également dans l’idée des « cinq mille ans d’histoire » que les Coréens évoquent avec fierté puisqu’en revendiquant un ancêtre ayant vécu près de deux millénaires avant Jinmu, le « premier Empereur Japonais », les Coréens sont ainsi en mesure de justifier un sentiment de supériorité culturelle vis-à-vis des Japonais[11].

Entre mémoire et modernisation : le Japon comme modèle

Le rôle du Japon dans le processus de construction nationale coréenne est indéniablement ambigu. Bien que le ressentiment envers le Japon soit ancré dans certaines strates de la société sud-coréenne, notamment parmi les générations plus âgées et les mouvements nationalistes, le Japon est devenu un modèle pour de nombreux réformistes coréens, en raison de sa modernisation rapide et de sa reconnaissance par les puissances occidentales. Paradoxalement, malgré cette animosité historique, la Corée du Sud a non seulement emprunté de nombreux aspects du modèle économique et culturel japonais, mais elle les a également adaptés et dépassés dans certains domaines, notamment en matière de soft power.

D’un point de vue économique, à la suite de la guerre de Corée, le pays a subi des pertes humaines considérables : 150 000 morts, 250 000 blessés et 3 millions de disparus pour la seule Corée du Sud, tandis qu’en Corée du Nord, les estimations de morts atteignent jusqu’à un million. Ce conflit a anéanti la plupart des villes du sud, entraînant la destruction de plus de 50 % de son potentiel industriel. De surcroît, la Corée du Sud était confrontée à une inflation croissante et à un chômage persistant, tandis qu’un retard significatif s’était accumulé dans le développement des PME, exacerbant la stagnation de l’industrie lourde. Ainsi, malgré l’ampleur de l’aide américaine, la Corée du Sud n’a réussi à se redresser qu’en 1957[12]. Le Japon, qui avait amorcé son redressement économique dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, servit d’exemple de réussite pour la Corée dans les années 1960 et 1970. Ainsi, tout comme le Japon avant elle[13], la Corée a opté pour une industrialisation rapide, axée d’abord sur la substitution aux importations, puis sur la promotion des exportations. La première phase consistait à encourager la production nationale pour réduire la dépendance aux importations. À partir des années 1970, sous la présidence de Park Chung-hee, le gouvernement sud-coréen a mis en place des politiques économiques ambitieuses qui visaient à transformer la Corée en une puissance exportatrice. Les secteurs-clés ciblés pour l’industrialisation comprenaient la sidérurgie, les chantiers navals, l’électronique et l’automobile. De plus, les chaebols coréens, tout comme les keiretsu japonais, ont joué un rôle déterminant dans le développement économique de leurs nations respectives. Si le Japon a misé sur des géants tels que Sony ou Toyota, la Corée du Sud a placé sa confiance dans des conglomérats nationaux puissants comme Samsung, Hyundai, LG ou SK pour porter sa croissance économique. Ces entreprises ont adopté des stratégies similaires, intégrant verticalement leur production et diversifiant leurs activités. Ce modèle de gestion leur a permis de se protéger des fluctuations économiques et de renforcer leur compétitivité sur la scène internationale. Suivant ainsi le modèle japonais, les chaebols coréens ont su étendre leur influence à l’échelle mondiale, contribuant à faire de la Corée du Sud une véritable puissance exportatrice. Aujourd’hui, au-delà de la simple reproduction du modèle japonais, la Corée du Sud se trouve dans une situation d’interdépendance économique avec le Japon. En effet, leurs économies sont étroitement imbriquées, notamment en raison des chaînes d’approvisionnement globales. De cette logique, cette interdépendance économique complique d’autant plus leurs relations diplomatiques, souvent tendues. Bien que les deux pays aient intérêt à maintenir de bonnes relations pour la santé de leur économie, les blessures historiques, profondément ancrées, refont régulièrement surface. A titre d’exemple, en fin 2018, la Cour suprême de Corée du Sud a ordonné à plusieurs entreprises japonaises, dont Mitsubishi Heavy Industries, Nachi-Fujikoshi et Nippon Steel, de verser des compensations aux victimes de travail forcé durant l’occupation japonaise de la Corée. Considérant cette décision comme abusive, le Japon a réagi en imposant des restrictions à l’exportation de trois matériaux chimiques essentiels à l’industrie sud-coréenne des semi-conducteurs : le fluorure d’hydrogène, les photorésists et le polyimide fluoré[14]. Ces matériaux étaient ensuite utilisés pour la fabrication d’écrans et puces de mémoires des téléphones par de grandes entreprises coréennes telles que Samsung Electronics, LG Electronics et SK Hynix. Peu après, le Japon a retiré la Corée du Sud de sa « liste blanche » de pays dignes de confiance en matière de commerce, renforçant ainsi ces restrictions. En réponse, la Corée du Sud a également retiré le Japon de sa propre liste et a déposé une plainte officielle contre lui auprès de l’Organisation mondiale du commerce[15]. Cet événement illustre ainsi parfaitement la complexité des relations entre les deux pays, créant un paradoxe entre leur dépendance économique mutuelle et les ressentiments historiques qui persistent. Cela met en lumière un équilibre délicat, où la coopération est essentielle tout en étant constamment perturbée par des tensions anciennes.

Dans le domaine culturel, la montée de la Corée du Sud sur la scène mondiale, à travers le phénomène de la « Hallyu » ou vague coréenne, présente des similitudes frappantes avec la stratégie japonaise de « Cool Japan », qui visait à promouvoir la culture populaire comme outil d’influence mondiale. Lancée par le Japon dans les années 1990, cette initiative reposait principalement sur l’exportation globale de mangas, d’animes, et de jeux vidéo. De manière comparable, la Corée du Sud a utilisé la « Hallyu » pour diffuser ses propres produits culturels, comme les K-dramas et la K-pop, bâtissant ainsi une industrie culturelle au rayonnement international. Un exemple marquant de cette dynamique d’imitation et d’adaptation est l’évolution du manhwa. Introduit en Corée pendant l’occupation japonaise, le manga a laissé une empreinte culturelle profonde, bien que les produits culturels japonais aient été interdits après l’indépendance[16]. Les auteurs coréens, tout en adoptant le style narratif du manga, ont développé leur propre style en intégrant des aspects de la culture coréenne, tout en faisant écho au format occidental[17]. A l’ère numérique, les manhwas ont su se démarquer grâce aux plateformes en ligne telles que Webtoon, qui ont transformé ce format en phénomène international. Cette transition vers une diffusion numérique, en opposition à l’approche plus traditionnelle du manga japonais, a permis au manhwa de toucher un public mondial. Dans le domaine de la musique, la K-pop s’est largement inspirée de la J-pop, qui dominait la scène musicale asiatique depuis les années 1960. Des maisons de production coréennes, telles que SM Entertainment, ont développé leur musique en se basant partiellement sur les méthodes de création et de promotion des idols japonais pour former leurs propres groupes. Cependant, à partir de la fin des années 2000, la K-pop a dépassé son modèle japonais comme en témoigne le succès commercial mondial de certains « boys groups » et « girls groups » comme BTS, BLACKPINK, TWICE, EXO et NEWJEANS. Ces artistes ont conquis des marchés autrefois inaccessibles pour la J-pop, notamment en Amérique du Nord et en Europe occidentale. Alors que la J-pop est restée essentiellement confinée à l’Asie, la K-pop a su exploiter les plateformes de streaming et les réseaux sociaux pour capter l’attention d’un public global. D’ailleurs, ce succès est en partie maintenu par une stratégie bien pensée, avec une intégration croissante de paroles en anglais dans les chansons, voire des albums entièrement en anglais, afin de toucher un public encore plus large. De plus, les grandes agences comme JYP Entertainment et HYBE Entertainment participent à cette dynamique en créant des groupes internationaux, composés de membres issus de divers pays, renforçant l’attrait mondial de la K-pop. Ironiquement, après avoir bénéficié de l’influence de la pop japonaise à ses débuts, la K-pop exerce désormais une influence sur la J-pop, créant une dynamique d’échanges qui circule désormais dans les deux sens[18]. Le succès des K-dramas suit également cette dynamique. Bien que les J-dramas aient été populaires en Asie dans les années 1990, influençant les premières productions coréennes, les K-dramas ont su dépasser leurs homologues japonais en atteignant un public international. Propulsés par des plateformes de diffusion comme Netflix, ils ont su adapter les structures narratives empruntées aux J-dramas, tout en intégrant des éléments culturels coréens et en répondant aux attentes d’un public global. Cette capacité à ajuster les modèles empruntés pour mieux les exporter souligne la manière dont la Corée a su transformer l’influence japonaise en un puissant moteur de sa propre expansion culturelle mais aussi économique.

NewJeans, groupe de la 4e génération de la K-pop

NewJeans, groupe de la 4e génération de la K-pop.

En définitive, les relations nippo-sud-coréennes oscillent entre imitation, rivalité et un passé entaché par une rancœur persistante, notamment chez les nationalistes. Cet équilibre fragile rend toute réconciliation complète difficile, même si une meilleure entente s’est manifestée ces dernières années pour faire face à des ennemis communs. Aujourd’hui et pour les prochaines années, les relations entre le Japon et la Corée du Sud se trouvent à un tournant stratégique, où la nécessité d’une coopération face aux défis régionaux pourrait redéfinir leur dynamique. A noter que, le futur Premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, conscient des enjeux sécuritaires croissants liés à la Chine et à la Corée du Nord, rêve à la création d’une alliance militaire asiatique, comparable à l’OTAN. Cette proposition reflète une prise de conscience collective de l’importance de former un front commun, dépourvu de toutes rancœurs historiques qui pourraient entraver une potentielle coopération.

[1] Expression utilisée par Samuel Guex pour désigner le caractère paradoxal de la relation Japon-Corée du Sud.

[2] Guex Samuel, « Histoire de la Corée », 2023.

[3] Lanna Noemi, « Mémoire contestée : l’héritage de la colonisation de la Corée dans les relations nippo-coréennes », 2014.

[4] Idem.

[5] Perdre sa virginité était considéré comme un déshonneur, et les victimes de violences sexuelles étaient souvent stigmatisées. De ce fait, beaucoup d’entre elles ont choisi de se taire, craignant non seulement la honte personnelle, mais aussi celle que cela pourrait apporter à leurs familles et à leurs communautés.

[6] Jisun Bae Annie « De la responsabilité historique des États : le cas des « femmes de réconfort »», 2017.

[7] Idem.

[8] Idem

[9] À la fin de 1940, près de 80 % des Coréens avaient été contraints de changer de nom.

[10] Lanna Noemi, op. cit.

[11] Guex Samuel, op. cit.

[12] Barjot Dominique, « Le développement économique de la Corée du Sud depuis 1950 », 2011. 

[13] Ce modèle est similaire à celui utilisé par le Japon, qui avait lui aussi adopté une politique de substitution des importations dans les années 1950, avant de devenir un acteur majeur sur les marchés mondiaux.

[14] La Corée du Sud était tout particulièrement dépendante du Japon qui avait importé du Japon, 94% de ses polyimides fluorés, 44% de son verre dépoli et 92% de son photorésistant.

[15] Thomas Aurore, « Japon et Corée du Sud : une guerre commerciale qui a un passé », École de Guerre Économique, 2020.

[16] Après la fin de l’occupation, la culture japonaise a produit de nombreux films, musiques, ou livres, qui ont été interdits en Corée du Nord et du Sud. Ce boycott n’a été levé en Corée du Sud qu’à partir de 1998.

[17] Contrairement aux mangas, qui se lisent de droite à gauche, le manhua adopte une lecture de gauche à droite, ce qui correspond aux habitudes des lecteurs occidentaux. De plus, ses illustrations en couleur, semblables à celles des bandes dessinées occidentales, le rendent plus accessible et visuellement attrayant pour ce public.

[18] Dal Yong Jin, « Comparative Discourse on J-pop and K-pop: Hybridity in Contemporary Local Music », 2020.

Nina Sag

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