• Auteur/autrice de la publication :
  • Post category:Fil Twitter / Japon
  • Temps de lecture :3 min de lecture

Stériliser les Japonaises à 30 ans ?
Voici l’idée controversée proposée par Naoki Hyakuta, écrivain et leader du Parti conservateur du Japon. Bien qu’il présente ses propos comme une réflexion hypothétique dans un cadre fictif, ce discours souligne une misogynie persistante.

« C’est un exemple extrême […] Pensez-le seulement hypothétiquement » précise Naoki Hyakuta, avant de développer son propos.
Il suggère, dans ce scénario de « science-fiction », que les femmes pourraient se faire retirer l’utérus à l’âge de 30 ans. Dans la même vidéo, il évoque également des mesures tout aussi radicales : interdire le mariage aux femmes de plus de 25 ans et leur refuser l’accès à l’éducation au-delà de 18 ans. « Tout le monde paniquerait. Il faudrait se marier rapidement ou rester célibataire pour toujours. »

Ces remarques s’inscrivent dans un contexte de discussion sur les mesures pour lutter contre la baisse du taux de natalité du Japon, une crise démographique légitime. Selon un recensement partiel publié par le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, le Japon a enregistré 350 074 naissances entre janvier et juin 2024, soit une baisse de 20 978 naissances par rapport à la même période en 2023 (-5,7 %). Il s’agit d’un recul record, marquant la troisième année consécutive où le pays reste sous la barre des 400 000 naissances pour le premier semestre.

À noter que c’est la raison pour laquelle les autorités ont déjà cherché activement des solutions pour encourager les naissances et soutenir les jeunes familles, notamment en améliorant les conditions de travail pour favoriser un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle ; en augmentant les aides financières aux familles ; en développant les structures d’accueil pour la petite enfance ; et en promouvant l’égalité entre hommes et femmes, tant dans la société que dans le monde professionnel.

Il convient de souligner qu’aucune de ces options ne requiert la soumission ou le contrôle des femmes, contrairement aux déclarations faites par Naoki Hyakuta.

Face à ces propos archaïques, beaucoup ont été choquées par la vision réductrice de Naoki Hyakuta. Les critiques ont donc fusé aussi bien de la part des défenseurs des droits des femmes que des commentateurs politiques, dénonçant la suggestion selon laquelle la vie et les choix des femmes devraient être dictés par l’État.

Suite à ce déluge de critiques, Naoki Hyakuta a précisé son intention : « Je voulais dire que nous ne pouvons pas transformer la structure sociale à moins de faire quelque chose qui va aussi loin ».

Une rhétorique minutieusement pensée ?

Ce discours peut se présenter comme bien plus qu’une simple idée controversée, il pourrait s’inscrire dans une rhétorique très efficace. En dissimulant des idées radicales sous des apparences humoristiques ou hypothétiques, l’acceptabilité sociale est testée : la réaction du public est jaugée déterminer ce qu’il est disposé à accepter. 

Finalement, bien que ces propos puissent sembler n’être que des paroles en l’air, les commentaires de Naoki Hyakuta interviennent suite à une victoire modeste du Parti conservateur aux élections de la Chambre des représentants le 27 octobre, qui a obtenu trois sièges. Une victoire qui peut paraître mineure, mais démontre que ce genre de discours profondément autoritaire et chauvin trouve un écho dans la politique japonaise.

Nina Sag

Laisser un commentaire