Il y a quelques mois, j’avais écrit « vers la fin de la guerre en Ukraine 🇺🇦 ? »
A l’époque, les premières rumeurs de négociations prenaient place. Cette actualisation démontre que peu de choses ont changés depuis dans la vision politique.
Le thread en question, c’était il y a plus de deux mois en arrière.
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Cet été, deux évènements majeurs ont laissé penser au retour de la victoire d’un camp ou d’un autre.
A Koursk les ukrainiens ont surpris, alors même que la Russie terminait sa phase de petite percée vers Pokrovsk dans le sud-donetsk.
Le mois d’août est un bon rappel que la guerre de positions n’est pas infinie. Les deux camps sont en mesure de monter des offensives, avec un avantage de masse pour la Russie et de planification pour l’Ukraine.
La guerre ukrainienne est à découper en 3 phases :
Premièrement, l’offensive russe puis le retrait du nord du pays.
Deuxièmement les deux contre-offensives ukrainiennes (Kharkiv et Kherson).
Et troisièmement, la guerre de positions.
Cette guerre de position doit également se découper en quatre phases : la bataille de Bakhmout (progression russe), la contre-offensive du sud de l’Ukraine (légère progression ukrainienne), la bataille de Pokrovsk (progression russe plus poussée) et la bataille de Koursk.
Au final, force est de constater que la guerre ne bouge plus beaucoup depuis deux ans.
Désormais, si la Russie dispose d’un avantage certain sur le front de l’est, les deux camps évoluent à égalité.
L’Ukraine reste en position de faiblesse sur de nombreux points cependant. Hier, je discutais avec deux amis travaillant avec moi sur le projet @atummundi. L’un d’eux rédige actuellement un article sur la démographie russe.
Nous avons longuement débattu des pertes humaines de la guerre et de leur soutenabilité. Nous avons évoqué un fait peu souvent traité, les pertes humaines ukrainiennes. Au vu du nombre de vidéos de cimetières et des estimations officielles, le bilan dépasse largement les 100 000 morts.
N’oublions pas les blessés de guerre, dont bon nombre resterons meurtri à vie. Nous avons également évoqué les pertes militaires russes. Grâce à Mediazona, nous avons une estimation de 120 000 morts.
Mais pour la Russie, la mort ne représente pas le même défis. Beaucoup de prisonniers et de russes de l’est ont été utilisés.
La démographie ukrainienne est un défi majeur. La population a perdu 10 millions d’habitants depuis 1991. Des dizaines d’hommes mobilisables fuient le pays pour échapper à la guerre. Les pertes sont d’autant moins acceptable que la société s’est « désoviétisée ». Hier également, durant un cours de géopolitique de l’Asie Centrale, le professeur évoquait les RSSA, en particulier celle de Crimée. Il a notamment évoqué le fait que la Crimée était ukrainienne selon le droit international mais russe de facto depuis 2014.
La question de la Crimée est très épineuse. Est-elle ukrainienne, russe, tatare ? Faut il lui donner l’autonomie ou l’indépendance ? Force est de constater que sociologiquement, elle était tatare. Mais après les nettoyage ethniques, elle est devenue russe. Si on parlait avant 2014 d’environ 50% d’habitants favorables à l’Ukraine et 50% d’habitants favorables à la Russie, nous sommes aujourd’hui à près de 75% de russophones avec une russification forcée de la péninsule. Celle-ci est cruciale pour les deux pays.
Pour faire la paix, il faut déjà que les deux camps y soient prêt ou contraint. Aucune des deux options ne sont d’actualité.
Si la Russie a l’avantage local sur le champ de bataille, l’Ukraine est très loin de l’effondrement.
Il y a deux mois, j’évoquais donc l’éventualité prochaine du retour des négociations. Je crois désormais que cette éventualité sera écartée pour les prochains mois.
J’évoquais ainsi ce qui contraindrait l’un des deux camps à négocier :
-défaite militaire
-fin du soutien politique et militaire étranger
-révolte politique interne
Aucune de ces trois conditions ne sont réunies actuellement. L’Ukraine peut toujours espérer libérer ses territoires occupés et la Russie avancer dans l’est.
Une libération de la Crimée me semble très largement improbable sans intervention directe des armées de l’OTAN, ce qui conduirait à une escalade sans précédent depuis 1945.
Donc la Crimée sera probablement au cœur des négociations éventuelles.
De manière régulière, j’évoque des progressions russes importantes, la perte de petites villes, la construction des lignes de défenses…
L’Ukraine est un grand pays, à l’échelle, la progression russe d’Avdiivka à Pokrovsk représente une progression de Menton à Antibes…
Pour des milliers de morts et je le rappelle souvent, plus de 1 300 équipements confirmés détruits dans les 1 700 touchés/abandonnés…
C’est plus que le stock de véhicules de l’armée belge, pour un territoire aussi grand que Paris en un an.
Je vous invite donc à relativiser la situation tactique sur le front. Il est vrai que perdre des positions, des villages et quelques petites villes peut frapper le moral et l’analyse, mais rappelons nous que le front reste relativement immobile.
L’offensive à Koursk a permis d’occuper du territoire russe, donc de mobiliser des hommes et du matériel loin du front, tout en pesant de manière minimale dans un éventuel traité de paix/cessez le feu.
La situation n’a finalement pas beaucoup changé depuis juillet dernier.
Dans cette guerre, il y a d’innombrables facteurs qu’il faut suivre tous les jours. Le moral, les ressources, l’économie, l’aide étrangère, la situation politique interne, la qualité du matériel, l’innovation, la surprise…
Les négociations sont un moment très politique que seuls les politiques décideront, en prenant en compte les facteurs militaires, diplomatiques et de politiques internes.
Aucun des deux camps ne souhaite négocier en position de faiblesse, donc la guerre va continuer.
Voilà pour cette actualisation sur les négociations. L’ouest joue sa crédibilité, Moscou également. Pékin regarde et les soldats des deux camps souffrent.
Surveillons donc une série de facteurs plutôt qu’un seul (élection présidentielle US par exemple).
Clément Molin