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L’AFC/M23 annonce l’intégration d’un nouveau contingent de 7 437 « commandos », une augmentation significative des troupes du groupe armé alors que des discussions à Doha ont porté sur une « déclaration de principe » quant à un potentiel arrêt des hostilités. 

En juillet dernier, à Washington, les États-Unis, la RDC et le Rwanda se sont mis d’accord sur un texte de coopération/paix visant notamment à instaurer une nouvelle répartition des ressources minières congolaises. Des négociations, qui n’avaient pas intégré l’AFC / M23, et qui donc ont en réalité peu de chances de limiter et encore moins d’arrêter les combats dans la région. En parallèle, des négociations de médiation se sont poursuivies à Doha au Qatar : le 19 juillet 2025, la RDC et le M23/AFC ont signé une déclaration de « principe » qui prévoit un cadre pour un cessez-le-feu permanent et la signature d’un accord plus global (le 18 août dernier). Les négociations n’ont, à ce jours, pas abouties sur autre chose que la déclaration de principe de juillet.

Malgré ces démarches, et si les organisations internationales comme l’Union Africaine félicitent cette avancé « significative », la situation sécuritaire sur le terrain reste très problématique. Certaines ONG comme Human Rights Watch ont recensé des massacres commis par le M23, notamment aux abords du parc national des Virunga (140 civils tués) à la fin du mois d’août (dépassant la date prévue de la signature du cessez-le-feu). Les attaques perdurent : sur les comptes X respectifs des groupes armés, de la FARDC et des groupes d’autodéfense, chacun revendique avoir déjoué des attaques, récupéré des camps et pris d’assaut des villages (les Wazalendos revendiquent avoir abattu « plusieurs criminels du M23 » ce 21 septembre 2025). Un flou médiatique laisse peu de place à la compréhension de l’évolution du conflit D’autres groupes armés, comme l’ADF (Forces démocratiques alliées), ont commis d’autres attaques meurtrières. Des bilans récents liés à des attaques de l’ADF font état de plusieurs dizaines de morts durant le dernier mois (dépassant 150 morts depuis juillet).

En plus de ces crimes commis en parallèle des négociations, le journal The New Times (Rwanda) rapporte que l’AFC/M23 a « formellement réintégré 7 437 nouveaux commandos » le 14 septembre 2025 à la suite d’une vidéo publiée par l’AFC où l’on voit Corneil Nangaa accueillir le nouveau contingent dans le camp militaire de Rumangabo près de Goma. Ces effectifs seraient composés d’anciens soldats des FARDC (Forces armées de la RDC), de combattants « Maï-Maï » et des « Wazalendos » (groupes d’autodéfense). Ce chiffre (si tel que rapporté) constitue une augmentation significative des capacités militaire de l’AFC/M23. Selon le compte X de l’AFC, un contingent de près de 12 000 autres membres serait attendu.

S’il y a une stabilisation géographique du conflit depuis la prise de Bukavu dans le Sud-Kivu, il n’est pas impossible que cette intégration permette à l’AFC/M23 de renforcer sa position, empêchant toute reprise de territoire par la FARDC et ses alliés de les forces de la SADC. Ainsi, au-delà de la hausse d’effectifs annoncée par l’AFC, il est clair que l’évolution géographique du conflit a donné un avantage certain au M23, au vu des zones stratégiques en leur possession, notamment l’aéroport de Kavumu, principale plateforme de transport de l’Est de la RDC, et de villes importante de la région (Goma, Bukavu, Masisi, Shoa, Bunagana).

L’exposition des civils aux crimes commis par les différents groupes (M23/ADF et autres milices locales) est donc à ce jour encore plus violente. Les missions de soutien aux populations auront davantage de mal à aborder les régions possédées par le M23 et leur libération est évidemment encore plus complexe au vu de l’accroissement des forces armées du M23. Il y a donc à ce jour une réelle prise d’otages des populations du Nord et Sud-Kivu. La multiplication des acteurs et leur renforcement significatif ces derniers mois (que ce soit militairement comme géographiquement) risque de compromettre toute forme de négociation avec des organisations extérieures.

Si nous restons dans un cadre de guerre où la propagande est un outil réellement utilisé par l’AFC/M23 et qu’il faut prendre les chiffres donnés avec des pincettes, il est clair que la situation géographique est avantageuse pour le M23, et que ce dernier voit son mouvement militaire prendre en ampleur. Il n’est donc pas étonnant de voir les rangs du groupe armé et de sa branche politique évoluer. De plus, si les négociations de Doha ont permis de mettre le M23 à la table des négociateurs, (certainement nécessaire pour atteindre un accord concret), il est vrai que cette action donne une force politique à un groupe armé commettant des crimes certains sur des populations et que l’AFC s’en servira pour s’apporter de la légitimité et imposer des conditions fortes à la RDC.

Ainsi, le renforcement des troupes présenté par l’AFC/M23 fait certainement entrer les belligérants dans une nouvelle page du conflit. Renforcement des positions du M23 dans l’Est de la RDC, voire préparation d’une escalade du conflit et un déplacement de ce dernier vers l’Ouest (comme le disait Corneil Nangaa dans une interview en janvier 2025 et comme il l’a répété lors de l’intégration du nouveau contingent). Ce qui est sûr, c’est que les négociations et la déclaration de principes obtenues à Doha se voient déjà remises en cause par l’AFC qui s’efforce de faire gonfler ses rangs en alliant stabilisation des positions de ses groupes armés, renforcement certain de ses capacités militaires et propagande politique visant à déstabiliser les Forces armées congolaises de l’intérieur.

Acronymes :

  • AFC
  • RDC
  • FARDC
  • SADC
  • M23
  • ADF
  • MONUSCO

Sources :

ACLED. (2025, août). Eastern DR Congo Conflict Dashboard, M23 Activity and Territorial Control. Armed Conflict Location & Event Data Project. URL : acleddata.com Africa Center for Strategic Studies. (2024). The Ever-Adaptive Allied 

Democratic Forces Insurgency. Africa Center for Strategic Studies. URL : africacenter.org/spotlight/the-

Cottet, P. (2025). Accord de paix entre la RDC et le Rwanda : le M23 comme grand absent des négociations. Atum Mundi. atummundi.fr/pablo-cottet/a

France 24. (2025, septembre). RDC : le M23/AFC présente un nouveau contingent de combattants à Rumangabo[vidéo].URL : youtube.com/watch?v=bUJ8AG Human Rights Watch. (2025, 20 août). 

RD Congo : Le M23 a commis des massacres près du parc national des Virunga. Human Rights Watch. URL : hrw.org/fr/news/2025/0 IPIS. 

(2025, juillet). M23’s territorial advances: Carte et série temporelle montrant l’extension de l’aire d’influence du M23 en North et South Kivu (Rutshuru, Masisi, Walikale, avancées vers Goma et Bukavu). International Peace Information Service. URL : ipisresearch.be Kivu Security Tracker. (2025, juillet-août). Carte de la situation sécuritaire au Nord-Kivu : avancées du 

M23/AFC. KST. Disponible sur : kivusecurity.org La Croix. (2025, 19 juillet). RD Congo : Kinshasa et le M23 signent au Qatar une déclaration d’intention pour déposer les armes. La Croix. URL : la-croix.com/international/

New Times Rwanda. (2025, 14 septembre). AFC/M23 movement gets over 7,000 new commandos. The New Times. URL : newtimes.co.rw/article/29724/

Ouest-France. (2025, 16 septembre). Au moins 71 morts dans une attaque des rebelles ADF dans l’est de la RDC. Ouest-France. URL : ouest-france.fr/monde/republiq

United Nations Security Council. (2025, août). Report of the Secretary-General on the Situation in the Democratic Republic of the Congo (S/2025/XXX). Nations Unies. URL : un.org/securitycounci

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