La 3ème guerre du Congo 🇨🇩 pourrait avoir commencé
Le mouvement du 23 mars (M23) et l’armée rwandaise 🇷🇼 ont pris possession hier de Bukavu, deuxième ville de l’est de la RDC, seulement 3 semaines après la prise de Goma.
C’est un nouveau séisme à Kinshasa, plus de trois semaines après la perte de Goma, capitale du Nord Kivu, c’est désormais Bukavu, capitale du Sud-Kivu qui tombe dans les mains des rebelles, largement soutenus par le Rwanda.
Le M23 contrôle désormais la majorité de la frontière.
Comme nous l’avons remarqué depuis début janvier, la guerre Rwanda-RDC se régionalise, à l’image de la première guerre du Congo (1996-1997) et de la seconde guerre du Congo (1998-2003).
La guerre du Kivu qui a commencé en 2003 voit actuellement sa phase la plus violente.
S’il est indéniable que le M23 est activement soutenu et armé par le Rwanda, il faut noter qu’il dispose d’une branche politique de plus en plus puissante, autour de l’Alliance Fleuve Congo-M23, qui a pour but de renverser le pouvoir à Kinshasa.
L’actuel chef politique de l’AFC, Corneille Nangaa, a longtemps dirigé la cour électorale centrale et déclare qu’il a validé « la première élection truquée » de Felix Tshisekedy en 2018.
Il estime qu’il « a créé un monstre » et que c’est son devoir de rattraper son erreur.
Nous avons donc une puissante rébellion, qui élargit ses rangs chaque jours et s’enrichit grâce aux territoires qu’elle contrôle, au point d’être en capacité, avec l’armée rwandaise, de repousser les FARDC et leurs alliés.
A ces côtés, une petite coalition de groupes armés semble vouloir rejoindre ses rangs. Ces groupes, opposés au pouvoir central, revendiquent depuis plusieurs régions l’instauration d’un état fédéral et non centralisé à Kinshasa.
A mesure que le M23 avance, il s’élargit.
Le mouvement dispose d’un soutient de poids, celui du Rwanda, qui continue d’envoyer des forces spéciales sur place, notamment pour les offensives principales, l’entrainement et l’encadrement des troupes congolaises rebelles.
Un nouvel acteur se dessine plus au nord, c’est l’Ouganda. Le général en chef de l’armée, fils du président Museveni a annoncé le déploiement de l’armée pour sécuriser Bunia en Ituri.
L’armée ougandaise est déjà présente dans la région dans le cadre de l’opération Shujaa. L’armée ougandaise se déploie dans des zones de peuplement proche des « ougandais », de Bunia à Lubero, surpassant en nombre l’armée congolaise. L’armée ougandaise barre la route nord au M23 et souhaite désarmer les factions locales pour protéger sa zone d’influence.
Le chef de l’armée a déclaré « Quant au M23, je pense qu’il est très, très dangereux pour quiconque de combattre nos frères. Ce ne sont PAS des terroristes ! Ils se battent pour les droits des Tutsis en RDC »
Le Burundi est-il menacé ?
Le Burundi est le sosie du Rwanda, mais gouverné par des Hutus et non les Tutsis. Le pays voit dans le Rwanda une menace pour sa stabilité et soutien donc activement les FARDC.
L’arrivée du M23 à Bukavu et prochainement à la frontière burundaise fait peur au Burundi, dont les renforts déployés à Bukavu ont été forcés de fuir.
Plus largement, tous les renforts, que ce soit à Goma ou Bukavu ont été balayés par le M23 et l’armée rwandaise.
Se dirige-t-on vers une nouvelle guerre africaine ?
Comme durant la seconde guerre du Congo, le Rwanda est impliqué avec un groupe armé (M23) et l’Ouganda également, pas forcément de manière concurrente et plusieurs pays africains soutiennent un ou l’autre camp.
Ainsi, le Kenya penche plus vers ses alliés rwandais et ougandais, la Tanzanie et le Malawi ont retiré leurs troupes, le Burundi et l’Afrique du Sud renforcent leur aide à la RDC, tandis que l’Angola et le Tchad réfléchissent à aider Kinshasa en intervenant.
Après la prise de Bukavu, le M23 poursuit sa progression vers le sud, en direction d’Uvira, ville balnéaire sur le lac Tanganyika faisant face à Bukumbura, capitale du Burundi, pénétrant le dernier quartier de Bukavu ce matin.
Alors que la guerre dans l’est de la République Démocratique du Congo prend de l’ampleur, de plus en plus de pays s’engagent et les condamnations du Rwanda s’accélère, notamment de la part de la France et du Royaume-Uni.
A Goma, alors que la vie retrouve son calme, les nouvelles autorités s’efforcent de rétablir l’eau, l’électricité et la connexion internet afin de donner une bonne impression aux congolais.
La question que nous pouvons nous poser est de savoir jusqu’ou ira le projet « révolutionnaire » du M23 ?
Clément Molin