La France marque son grand retour en Syrie
Alors que le gouvernement d’HTS tente d’organiser la transition, le ministre des affaires étrangères JN Barrot s’est rendu à Damas avec son homologue allemande, marquant un retour prudent.
Rappelons tout d’abord la position historique de l’ancienne puissance mandataire. Après l’indépendance syrienne en 1946, la France a gardé de relativement bonnes relations avec Damas. Néanmoins, la crise de Suez en 1956 a provoqué la rupture des relations, rétablies en 1961. Par la suite, les bonnes relations entre Paris et Damas se sont rapidement gâtées à cause d’intérêts divergents au Liban. L’ambassadeur de France au Liban est même assassiné par la Syrie en 1981. Les présidences de Chirac et Sarkozy voient un rapprochement, du moins une tentative de rapprochement avec la famille Al Assad. En 2011, c’est la rupture, la France soutien activement l’opposition à Bachar al Assad. Depuis, Paris a gardé une position constante. Participation à la coalition internationale contre l’Etat Islamique, respect des lignes rouges contre Assad (abandon d’Obama en 2013 et frappes avec Trump en 2018). Notons néanmoins les échecs diplomatiques de Fabius et Hollande…
L’arrivée d’Hayat Tahrir Ash Sham au pouvoir et la fin du régime Assad a reveillé la politique syrienne de la France. L’ambassade Française a été la seconde ambassade européenne réouverte en Syrie après celle de l’Italie.
Paris joue cependant une approche prudente. Pour rappel, Al Nostra, dont est issue HTS, avait félicité les attentats de Paris en 2013, un héritage que le groupe peine à faire disparaître.
La visite du ministre des affaires étrangères français Jean Noël Barrot avec son homologue allemande Annalena Baerbock avait plusieurs objectifs.
Premièrement, rétablir le contact avec la Syrie post-Assad.
D’autres ne se sont pas fait attendre, c’est le cas de l’Arabie Saoudite, qui a reçu la première visite d’officiels Syriens hors du pays depuis la chute d’Assad.
Avant de détailler la visite des ministres, revenons sur l’actualité politique et militaire syrienne :
Ahmad Al Sharaa (Joulani) est le leader de facto de la Syrie, c’est HTS qui contrôle le pouvoir.
HTS met en place une administration pour la future Syrie, intégrant les minorités et donnant des gages aux occidentaux.
Néanmoins, rappelons que ceux au pouvoir prônent une pratique rigoriste de l’islam.
La mainmise d’HTS sur le pouvoir inquiète, notamment les druzes, les kurdes, les chrétiens, les alaouites… qui souhaitent tous une autonomie et la possibilité de conserver leurs milices armées.
De violents combats sont toujours en cours dans la région de Manbij entre les Forces Démocratiques Syriennes (majorité de Kurdes) et l’armée Nationale Syrienne pro Turque, qui a reculé ces derniers jours. D’autres combats sont en cours à la frontière Libanaise entre des loyalistes à Assad et HTS qui entreprend un nettoyage du territoire.
Des combats ont éclaté au Liban, entre des élements non identifiés venus de Syrie et l’armée Libanaise. La France espère ainsi une transition pacifique et a proposé d’appuyer les travaux constitutionnels. La méfiance de Paris envers HTS se traduit ainsi par cette volonté d’assurer une transition libre vers la future Syrie.
La France, défenseur historique des chrétiens d’Orient, a noué le contact avec des représentants chrétiens de Syrie.
Le MAE a aussi pris contact avec le chef Kurdes des FDS, appelant à un gouvernement démocratique où toute la Syrie sera représenté.
Le ministre s’est aussi rendu dans l’ambassade de France, le portrait de Nicolas Sarkozy encore accroché au mur est d’un autre temps.
Celui-ci s’est également rendu dans la prison de Sednaya, symbole de l’oppression du régime syrien contre l’opposition.
En Syrie, la France joue une approche prudente pour ne pas être à l’écart des changements.
Paris entend faciliter une transition politique pacifique vers des élections libres, tout protégeant son allié Libanais.
La situation politique de la Syrie est inédite et déchaîne passions et polémiques.
Comptez sur nous pour continuer de vous informer sur l’évolution de la situation en Syrie !
Clément Molin