La résurgence du M23 depuis 2021, le retour de la guerre Rwanda-RDC - Article de Recherche
Résumé
La guerre qui se joue à l’est de la République Démocratique du Congo depuis 30 ans prend ses racines dans l’origine ethnique diversifiée de la région. La ceinture minière congolaise a rapidement attiré les convoitises et a fait du Congo un pays exploité par d’autres puissances. Après la colonisation belge, le nouvel État congolais s’enfonce dans la guerre civile. L’est, le centre et le sud refusent de se voir administrés par Kinshasa, à l’autre bout du pays. Après avoir maté les révolutions, c’est Mobutu qui prend le pouvoir et renomme le pays “Zaïre”.
Au début des années 1990, Mobutu, affaibli physiquement et politiquement, suit de loin la submersion migratoire due au génocide des Tutsis et Hutus modérés du Rwanda. C’est cette arrivée des génocidaires hutus au Zaïre qui donne un prétexte aux Rwandais, mais aussi aux Ougandais et aux Burundais pour renverser Mobutu et installer Kabila durant la première guerre du Congo, en 1997. Cependant, Kabila et les congolais ne sont pas satisfaits par la présence trop visible des Rwandais à Kinshasa et décident de les chasser dans la seconde guerre du Congo. Le pays est partagé en deux et les combats se concentrent à l’est, entre la RDC et ses alliés et Rwanda, Burundi, Ouganda et leurs alliés locaux de l’autre. La guerre se termine en 2003 et s’ouvre alors un nouveau conflit, la guerre du Kivu, qui va mettre au jour un groupe armé, le CNDP en 2006, qui deviendra en 2012 le M23. Ce groupe armé composé principalement de Tutsis du Rwanda et de RDC opère à plusieurs reprises dans le Nord Kivu. Entre 2003 et 2009, puis entre 2012 et 2013, et marque son retour en 2021, poussé par le Rwanda.
Occupant plusieurs territoires en 3 ans, ceux du Rutshuru, du Masisi, du Nyiragongo et du Lubero, il encercle désormais la capitale régionale Goma, peuplée par près de 2 millions d’habitants et de réfugiés. Le M23 combat aux côtés de l’armée rwandaise qui le fournit également en armes, face aux FARDC, leurs alliés locaux coalisés en “Wazalendo”, des acteurs internationaux multinationaux (ONU, EAC, SADC), étatiques (Burundi) ou des mercenaires (Agemira et Congo Protection). Finalement, c’est une véritable guerre qui se joue entre le Rwanda et la RDC avec l’implication de plusieurs voisins. Cette guerre s’accompagne de massacres, de viols et de pillages des ressources du Congo.
A Luanda en Angola, un processus de paix a été initié : malgré la bonne volonté des partis impliqués, tous les cessez-le-feu ont été violés et la guerre se poursuit, à l’abri des regards.
Sommaire
Introduction
« Je fais partie d’un des pays les plus riches de la planète et pourtant le peuple de mon pays fait partie des plus pauvres du monde ». Ce que décrit Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018, c’est la situation de son pays, la République Démocratique du Congo. Du nord-est au sud-est, le sol de la RDC regorge de minéraux précieux. Parmi eux, il y a de l’or, mais aussi du coltan, du cobalt, de la cassitérite… La plupart d’entre eux, que l’on retrouve dans la fabrication de nos produits quotidiens, dont les téléphones portables, nourrissent différents conflits dans la région du Kivu et des dizaines de groupes armés depuis deux décennies. Parmi ces groupes, l’un d’entre eux, le mouvement du 23 mars, M23, sévit de manière continue depuis presque 30 ans. D’abord appelé RCD-Goma puis CNDP, le groupe est composé de Tutsis congolais et rwandais et se bat contre le pouvoir central de Kinshasa. En 2013, le M23, battu par les FARDC, se dissout et disparaît. Mais le M23 ne disparaît pas vraiment, poussé dans un premier temps par le Rwanda, il réapparaît progressivement en 2017 puis en 2021. Depuis, le M23 prend le contrôle de larges pans de la région orientale du Nord-Kivu et encercle la capitale régionale, Goma. Cette offensive est clairsemée de cessez-le-feu, de massacres et du pillage des ressources congolaises. Les guerres du Congo et du Kivu sont le conflit le plus meurtrier du 21ème siècle, bien qu’oublié de la couverture des grands médias. 6 à 10 millions de morts en 30 ans, des millions de déplacés, des épidémies et un silence international.
Comment la résurgence du M23 depuis 2021 marque-t-elle le retour d’une confrontation militaire directe entre le la RDC et le Rwanda ? Nous évoquerons dans un premier temps, les logiques historiques et contextuelles qui expliquent les sources du conflit actuel, puis nous verrons dans un second temps la résurgence du groupe et son impact sur la région avant de voir dans une troisième partie les implications étrangères, rwandaises, ougandaises et autres.
I- L’est de la RDC, théâtre de conflits dès la fin de la colonisation belge
Dans l’histoire récente, le grand Congo a changé plusieurs fois de nom, en fonction des périodes de dominations étrangères et locales. Peuplé depuis 200 000 ans, le territoire fut sous le contrôle de plusieurs empires, Kongo, Luba et Lunda avant la colonisation. Ce fut d’abord l’Etat indépendant du Congo, sous contrôle du roi Léopold, puis le Congo Belge. A l’indépendance, la République du Congo, appelée Congo Kinshasa tomba dans la guerre civile, voyant l’intervention des « affreux », mercenaires blancs venus soutenir la sécession Katangaise. Le pays prend coup sur coup le nom de République Démocratique du Congo puis de Zaïre, avant de redevenir définitivement RDC.
A- Du Congo Belge au Zaïre, luttes de pouvoirs et accès aux ressources minières
1- Le Congo Belge
La République Démocratique du Congo, aussi appelée Congo-Kinshasa est un immense pays peuplé par 250 ethnies. Le principal groupe de peuplement est Bantou qui représentent environ 80% de la population nationale, « les principales ethnies sont les Luba (18 %), les Mongo (17 %), les Kongo (12 %) et les Rwandais hutus et tutsis (10 %) ». Dans l’est de la RDC, plusieurs langues sont parlées, mais c’est le kiswahili qui est la langue principale. Lors du Congrès de Berlin en 1884-1885, le roi des Belges, Léopold 2, acquiert à son nom le « Congo » qui deviendra sa possession personnelle. Dans son territoire, il mène une politique d’exploitation violente des peuples, notamment en prenant possession des ressources naturelles nombreuses. En 1908, le territoire est rattaché sous contrôle administratif Belge et devient le « Congo Belge » jusqu’en 1960. Entre-temps, la Belgique hérite du contrôle des protectorats du Rwanda-Urundi -ancienne colonie allemande cédée à la Belgique après la première guerre mondiale-, où elle installe au pouvoir les Tutsis, minoritaires.
2- Indépendance guerre civile et dictature de Mobutu
Dès l’indépendance en 1960, le Congo éclate entre trois Etats (ANNEXE 1), le Katanga, riche province minière du sud-est, le Sud Kasaï et l’Etat central, dirigé par Kinshasa, avec une forte proportion d’Européens, principalement des Belges dans l’armée et les hautes fonctions d’État. Les Belges vont être régulièrement ciblés et la Belgique, l’ancienne puissance coloniale, interviendra à plusieurs reprises dès l’été 1960 pour protéger ses ressortissants. En 1961, le premier ministre Lumumba, premier chef d’Etat du Congo-Léopoldville est assassiné, c’est alors le général Mobutu qui prend les rênes de l’armée et qui va régler durant trois ans la question du Katanga, mettant fin dans le sang à la sécession du territoire. Dans la guerre qui débute alors, la Belgique vient au secours de la population blanche (100 000 personnes, principalement à Léopoldville) qui est prise pour cible par les Congolais l’accusant de vouloir poursuivre la colonisation. Au Katanga, Moïse Tshombe déclare l’indépendance de l’Etat et obtient le soutien de plusieurs milliers de mercenaires blancs, les français sont en nombre, menés par le célèbre mercenaire Bob Denard. Il y a aussi des sud-africains, des belges, des rhodésiens qui participent activement aux combats. Ces mercenaires, surnommés « les affreux » vont participer directement, avec le soutien belge à la sécession katangaise. C’est finalement une offensive de l’armée Congolaise appuyée par les casques bleus de l’ONU qui permet un difficile retour au calme dans le pays en 1963. Les 24-25 novembre 1965, le général Mobutu renverse le premier président de la RDC, Joseph Kasa-Vubu et prend le pouvoir. Il renomme ensuite la RDC en « Zaïre » en 1971 après avoir pacifié le pays et effectué une “Zaïrianisation”. La gouvernance de Mobutu se fait proche des Etats-Unis. Le Zaïre intervient contre Kadhafi au Tchad, soutient l’UNITA en Angola (contre le régime communiste) et se rapproche d’Israël. Mais tout va basculer pour Mobutu à cause d’un événement terrible chez son petit voisin, le Rwanda.
B- Le génocide Rwandais et les guerres du Congo
1- Le génocide Rwandais
A partir de 1989, Mobutu est largement affaibli, physiquement d’abord, passant de nombreux mois à l’hôpital en Europe et par la fin de la guerre froide et de la lutte contre le communisme en Afrique Centrale. Ses soutiens occidentaux le lâchent progressivement, la crise économique provoque des manifestations internes et celui-ci est forcé à une “démocratisation du pays”. En 1994, lorsque le génocide Rwandais des Tutsis et des Hutus modérés débute, les troupes du Front Patriotique Rwandais (FPR) de Paul Kagame libèrent le Rwanda depuis l’Ouganda. Des centaines de milliers de Hutus vont alors fuir vers le Zaïre, principalement les villes de Goma et de Bukavu. Parmi ceux-ci, des milliers de génocidaires Interahamwe que l’opération Turquoise mise en place par la France laisse volontairement passer, comme le précise le rapport Duclerc commandé par Emmanuel Macron à l’historien François Duclerc sur les responsabilités de la France dans le génocide. Entre 1994 et 1996, alors que le FPR pacifie le Rwanda et soigne les blessures du génocide, les milices Interahamwe responsables du génocide utilisent activement les camps de déplacés du Kivu pour lancer des attaques sur le Rwanda. L’objectif de ces milices, qui se forment bientôt en FDLR, « Forces Démocratiques de Libération du Rwanda » est de lancer des attaques sur le FPR jusqu’à la libération du pays, de la même manière que le faisait jadis le FPR depuis l’Ouganda. N’oublions pas également que la présence de Tutsis congolais, les Banyamulenges et autres ethnies envenime les choses, eux qui sont souvent visées par les milices Hutus au Zaïre. L’armée Rwandaise de Paul Kagame lance alors des opérations militaires pour faire rentrer les réfugiés Rwandais (Hutus ayant fuit l’offensive du FPR par peur de représailles et Tutsis ayant fuit le génocide) au pays et détruire les camps de déplacés ou se cachent les miliciens FDLR, menant leurs actions des deux côtés de la frontière. Les extrémistes Hutus rejoignent alors l’armée Zaïroise et continuent de commettre de nombreux crimes contre les Tutsis du Zaïre. Entre 1994 et 1997, une grande partie des réfugiés s’exécutent et reviennent au Rwanda, tandis que les plus extrémistes s’enfoncent dans les forêts d’où ils mènent une lutte armée contre la nouvelle armée qu’on nommera RDF, Rwanda Defense Forces (Forces de Défenses Rwandaises). A cette époque, Mobutu, dictateur du Zaïre, est régulièrement hospitalisé en Suisse et a du mal à contrôler efficacement l’est du Zaïre.
2- La première guerre du Congo
Le 24 octobre 1996, la 1ère guerre du Congo éclate, entre le pouvoir central et l’alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) soutenue par plusieurs Etats voisins. A leur tête, un résistant historique à Mobutu, Laurent Désiré Kabila, qui mène une rébellion armée dans l’est du pays depuis plusieurs décennies. Les Rwandais vont renforcer son armée avec un apport d’un grand nombre de rebelles qui sont des Tutsis de l’est de la RDC. La prise de pouvoir de Kabila est orchestrée par le Rwanda, qui s’appuie aussi sur le soutien de plusieurs autres alliés, l’Ouganda principalement, mais aussi le Burundi, la Namibie et l’Angola qui interviennent progressivement. Les AFDL libèrent d’abord le Kivu, grâce à la présence directe des armées alliées, principalement les Rwandais, avant de progresser vers le centre du Zaïre, prenant Kisangani, deuxième ville du pays et atteignant Kinshasa le 20 mai 1997 (ANNEXE 2). Les Rwandais n’ont pas fait grand-chose pour cacher leur intervention directe et massive au Zaïre. L’ultra majorité des combattants des AFDL sont des Tutsis Rwandais et Congolais et Kabila ne prend pas le temps d’organiser une armée de Congolais pour appuyer sa prise de pouvoir. Il sait que Kigali va l’amener jusqu’au pouvoir et lui laisse le soin de s’occuper de la tâche militaire.
3- La deuxième guerre du Congo
Laurent Désiré Kabila arrive au pouvoir et renomme le pays “République Démocratique du Congo”, il s’installe dans la capitale Kinshasa et change le drapeau du nouveau pays. Celui-ci gouverne pendant un an avec l’aide directe des Rwandais et des Ougandais qui s’impliquent activement dans la politique nationale et sont très visibles à Kinshasa, ce qui ne manque pas de provoquer l’hostilité de la population congolaise qui se sent sous occupation. Le 14 juillet 1998, Kabila, poussé par sa population, remercie les Rwandais et les Ougandais et leur ordonne de partir du pays, notamment de la capitale en quelques jours. Débute alors et jusqu’en 2003 une guerre civile entre différents groupes, ceux soutenus par le Rwanda et l’Ouganda opérant à l’est de la RDC et l’armée Congolaise et ses alliés. Dès août 1998, le gouvernement de Kabila est sauvé par plusieurs pays Africains : le Tchad poussé par la France -qui souhaite regagner son influence au Congo-, l’Angola, désireuses d’éliminer toutes tentatives d’implantation de l’UNITA (rébellion anti-communiste) au sud Congo et le Zimbabwe qui se fait porte-parole de l’Afrique du sud et combat pour les intérêts personnels (économiques) de la famille Mugabe, une raison similaire pousse également la Namibie à intervenir. En 2001, Laurent Désiré Kabila est assassiné et la guerre reprend de plus belle malgré le cessez-le-feu de Lusaka en 1999. La seconde guerre du Congo se termine en 2003 après le retrait progressif des Ougandais et des Rwanda. Débute alors une nouvelle guerre qui oppose d’innombrables groupes armés à l’armée Congolaise dans les provinces du Kivu à l’est du pays et qui mène jusqu’au retour de la confrontation directe entre le Rwanda et la RDC.
Parmi les trois guerres qui se déroulent au Congo en trente ans, la première est largement une guerre interétatique. Plusieurs Etats se combattent dans des batailles rangées entre acteurs officiels. La seconde guerre du Congo l’est déjà beaucoup moins. Les armées nationales s’effacent, laissant place à des groupes armés qui combattent à sa place, la ligne de front est floue et difficilement cartographiable (ANNEXE 3). Plusieurs accords de cessez-le-feu sont signés puis violés, à Lusaka le 10 juillet 1999, à Pretoria le 16 juillet 2002 et enfin, le 19 avril 2002, les accords de Sun City sont signés pour mettre fin à une guerre meurtrière dans l’est de la RDC. Dans cette deuxième guerre du Congo, l’Ouganda soutient principalement le Mouvement de Libération du Congo (MLC) qui opère dans le Nord-Kivu et en Iturie. Au nord Kivu et au Sud Kivu opèrent deux autres armées étrangères à dominante Tutsie, l’armée Rwandaise et l’armée Burundaise qui répondent à plusieurs objectifs, combattre les milices Hutus (FLDR, rebelles Burundais et groupes locaux) que le gouvernement de Kinshasa ne veut pas combattre, limiter la présence de l’Ouganda et profiter des ressources naturelles de la ceinture minière Congolaise. Enfin, le dernier belligérant est l’armée Congolaise qui est accompagnée de plusieurs alliés, l’Angola, le Tchad, la Namibie et le Zimbabwe, accompagnés par des milices locales.
C- La guerre du Kivu, du CNDP au M23
1- La guerre du Kivu
Après la fin des guerres du Congo en 2003 qui ont fait entre 6 et 10 millions de morts, une nouvelle confrontation militaire débute, suivant plusieurs enjeux, principalement le contrôle des ressources de la ceinture minière Congolaise. Après la guerre, le gouvernement Congolais et ses soutiens internationaux tentent de pacifier le pays en faisant du “Peace Building”. Une nouvelle armée, les FARDC (Forces Armées de République Démocratique du Congo) va être créée, répondant à une logique de brassage des groupes armés, dont le principal, le RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie) Goma, celui soutenu par le Rwanda. Mais dès 2004, Laurent Nkunda, Tutsi congolais et ses forces s’emparent de la ville de Bukavu. Nkunda est né dans la région du Rutshuru au nord de Goma, il a été formé par l’armée du FPR au Rwanda, a ensuite rejoint l’armée Congolaise avant de faire défection aux côtés du groupe RCD Goma soutenu par le Rwanda. Le chef des Tutsis Rwandais et Congolais de RDC, refuse d’intégrer son groupe dans l’armée, il est progressivement rejoint par des centaines d’anciens rebelles réfractaires à l’intégration dans les FARDC.
Laurent Nkunda s’est illustré lors du massacre de Kisangani au centre du Congo. « En septembre 2005, le gouvernement a lancé un mandat d’arrêt international contre Nkunda, qui a été impliqué dans de nombreux crimes de guerre et dans d’autres graves atteintes aux droits de l’homme au cours des trois dernières années. Dans des investigations, Human Rights Watch a documenté des exécutions sommaires, des actes de torture, et des viols commis par des soldats sous le commandement de Nkunda à Bukavu en 2004 et à Kisangani en 2002”. Nkunda est notamment coupable d’avoir réprimé dans le sang une tentative de mutinerie à Kisangani ou plus de 160 personnes ont perdu la vie. Lorsque l’ONU a tenté d’enquêter sur les évènements, Nkunda et ses hommes sont entrés dans un poste de l’ONU pour frapper les enquêteurs. En 2004, malgré la fin officielle de la seconde guerre du Congo, Nkunda et ses hommes refusent de rejoindre l’armée et se cachent dans les forêts du Kivu. D’après Human Right Watch, les exactions commises par Nkunda et ses hommes entre 2004 et 2006 se sont poursuivies dans le cadre de la guerre du Kivu, troisième guerre en 10 ans à l’est du pays. « Dans une occasion le 3 juin 2004, des soldats de Nkunda ont violé en bande une mère devant son mari et ses enfants tandis qu’un autre soldat violait sa fille de trois ans ».
2- La création du CNDP
Le 6 juillet 2006, Laurent Nkunda crée un groupe armé pour continuer les combats contre les FDLR Hutus, qu’il nomme le CNDP, Congrès National du Peuple. Le CNDP s’empare en 2006 de la petite cité de Saké, à l’ouest de Goma, dont nous aurons largement le temps de reparler lors des coups d’éclats suivants du CNDP et du M23. Cette ville est très importante pour plusieurs raisons, elle se trouve à l’entrée ouest de la ville de Goma sur le carrefour reliant l’agglomération à Bukavu au Sud-Kivu, à Bunia en Iturie et aux autres villes du Nord-Kivu.
Il faut bien comprendre que l’enjeu majeur pour le pouvoir Congolais dans la guerre qui se joue à l’est est d’intégrer les milices au sein de l’armée, de les désarmer et de les pacifier. On compte des dizaines de groupes rebelles, certains soutiennent une idéologie, d’autres sont là pour des ressources ou juste pour protéger leur ethnie. La République Démocratique du Congo est un Etat failli, il ne contrôle pas ses frontières, la corruption endémique perturbe l’action du pouvoir de Kinshasa et le premier et dernier recensement du pays date de 1984 ! La RDC ne sait donc même pas combien d’habitants sont dans le pays, même si des efforts sont en cours pour la réalisation d’un second recensement général de la population. La RDC n’est donc pas en mesure de contrôler l’entièreté de son territoire. Cette situation va profiter aux groupes armés qui vont devenir de plus en plus nombreux.
Le 25 novembre 2006, lendemain des élections présidentielles marquant la victoire de Kabila (fils), le CNDP a donc lancé une offensive contre la 11ème brigade de l’armée à Saké. Les combats se poursuivent jusqu’en janvier 2007, avant que Kabila n’engage des négociations pour une intégration des forces de Nkunda sous forme de mixage dans l’armée. En réalité, cette intégration est largement à l’avantage du CNDP : Nkunda demande ainsi en août 2007 à ses troupes de quitter de nouveau l’armée pour l’attaquer, l’accusant de soutenir les FDLR contre les Tutsis de RDC. Durant l’année 2007, les FARDC lancent une offensive pour repousser les troupes du CNDP. Celles-ci subissent une cuisante défaite, perdant notamment 2 600 hommes durant la bataille de Mushake. Le 14 décembre 2007, Nkunda annonce qu’il se tient prêt à des pourparlers, alors qu’il est en position de force. Dès le 23 janvier 2008, un accord de cessez-le-feu et de retrait progressif des troupes du CNDP est signé, ce qui laisse une trêve jusqu’en mai 2008. Les combats reprennent de plus belle durant l’été 2008 avec une offensive de Nkunda sur Goma, qui encercle la ville, abandonnée par les FARDC.
Mais le 22 janvier 2009, Nkunda est arrêté au Rwanda après un retournement d’alliances, lors d’une offensive conjointe FARDC-RDF. Le 23 mars 2009, le CNDP accepte de mettre fin à sa rébellion armée et devient officiellement un parti politique. Ses opposants sont libérés et les droits des Tutsis du Congo sont garantis. Lors des élections présidentielles de 2011, le CNDP se voit offrir 3 postes de ministre dans le nouveau gouvernement. Les troupes du CNDP sont intégrées dans l’armée. Néanmoins, plusieurs leaders du mouvement accusent rapidement l’armée de vouloir éloigner les tutsis vers des régions périphériques, pour les isoler, en violation des accords du 23 mars 2009.
3- La création du M23
En 2012, deux cadres de l’ex CNDP, Bosco Ntaganda et Sultani Makenga quittent l’armée congolaise à laquelle ils reprochent l’éloignement forcé des soldats Tutsis. Ntaganda est connu depuis longtemps pour son implication dans la situation régionale. Il a été soldat du FPR et de l’armée congolaise, avant de faire partie de l’UPC (pro-Rwanda en Iturie) durant la seconde guerre du Congo. Ntaganda a ensuite pris le pouvoir, poussé par le Rwanda dans le CNDP après avoir écarté Nkunda. Ntaganda a été condamné pour 13 chefs d’accusation de crimes de guerre et cinq chefs de crimes contre l’humanité. Il s’agit notamment de meurtres, de viols et d’esclavage sexuel commis pendant le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo en 2002 et 2003. Mais en 2013, Ntaganda perd un conflit interne avec Makenga et se livre à l’ambassade américaine de Kigali pour sa protection. Il sera jugé ensuite à la Haye par la Cour Pénale internationale. Le second chef rebelle est Sultani Makenga, un vétéran de toutes les guerres de la région. Au début des années 1990, Sultani Makenga, âgé d’à peine 20 ans, quitte l’ex-Zaïre pour apprendre à manier les armes au sein de la branche armée du Front patriotique rwandais (FPR). Cependant, ce Tutsi Congolais a été emprisonné pendant trois ans par le Rwanda pour avoir refusé les ordres de l’AFDL de Kabila en 1997. Makenga est un proche de Nkunda. Il combat à ses côtés durant la guerre du Kivu, mais il reste plus discret, en limitant les prises de paroles publiques. En 2009, Makenga intègre l’armée Congolaise comme les autres leaders du CNDP. Mais en 2012, lui et Ntaganda désertent l’armée et fondent le mouvement du 23 mars, en référence aux accords du 23 mars 2009. Le 6 juillet 2012, les forces du M23 attaquent le poste frontière de Bunagana à la frontière Ougandaise, provoquant la fuite de 600 soldats des FARDC, puis se lancent à l’assaut du territoire du Rutshuru, d’ou une partie des leaders du M23 sont originaires. En l’espace de dix jours, les rebelles du M23 progressent au nord de Goma, après Rutshuru, ils s’emparent des localités de Kibumba et Rugari, s’établissant à environ 25km de la capitale régionale, Goma. Un cessez-le-feu permet de stabiliser la situation, mais les combats reprennent dès novembre avec une offensive surprise du M23 sur Goma. Le 20 novembre 2012, les rebelles du M23 occupent la ville de Goma, 6ème ville du pays avec 1.2 millions d’habitants. Les FARDC et les forces de l’ONU, la MONUSCO, se retirent en direction de la cité de Saké, porte ouest de Goma, au bord du lac Kivu et des montagnes. Le lendemain, la rébellion s’empare de Saké, déserté par les FARDC puis repousse une contre-attaque. Le 24 novembre 2012, les chefs d’États de la région se rassemblent à Kampala en Ouganda où le M23 accepte de se retirer de Saké (30 novembre) et de Goma (1er décembre). Le cessez-le-feu se poursuit ensuite pendant plusieurs mois et le 28 mars 2013, le Conseil de Sécurité de l’ONU approuve la résolution 2098 pour la mise en place d’une brigade offensive de 3 000 hommes, chargée de mener des combats offensifs pour repousser le M23. Si le mouvement du M23 résiste militairement, il va vivre une scission en son sein même. Nous l’avons vu précédemment, deux chefs militaires se partagent le pouvoir à la suite de l’évincement de Nkunda par le Rwanda, Makenga et Ntaganda. Des combats éclatent entre leurs deux factions le 7 mars 2013, conduisant à la victoire de Makenga. Ntaganda se livre alors à la CPI (ambassade américaine à Kigali). La querelle est aussi présente sur le plan politique du groupe, Jean-Marie Runiga, président du groupe est évincé par Makenga après avoir déclaré illégale sa prise de pouvoir contre Ntaganda. C’est Bertrand Bisimwa qui le remplace et devient dès lors chef politique du groupe.
Les combats contre l’armée congolaise se poursuivent durant l’année 2013 et s’intensifient à partir du 25 octobre 2023, date à laquelle les rebelles du M23 subissent une défaite stratégique. Plus de 3 600 congolais, appuyés par les troupes offensives de la MONUSCO et un soutien aérien ukrainien (l’Ukraine déploie des casques bleus et des hélicoptères sur place) et sud-africain, repoussent le M23. Début novembre, le M23 trouve refuge à l’étranger, 1 200 soldats fuient en Ouganda où ils se rendent aux autorités. Après leur défaite, les rebelles négocient et dissolvent leur groupe après des accords le 12 décembre 2013 à Nairobi au Kenya.
II- La résurgence du M23 et l’offensive du Nord-Kivu (2021-2024)
A- Le retour du M23 et l’offensive initiale (2021-2023)
1- Le réveil progressif du M23
Entre 2013 et 2021, en dépit de la neutralisation du groupe armé principal, actif avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda, la région est loin d’être pacifiée. Des dizaines de groupes continuent d’agir, notamment pour le contrôle des ressources. Plus au nord, un nouveau groupe, anciennement rebelle en Ouganda et ayant prêté allégeance à l’Etat Islamique, les ADF (Forces Démocratiques Alliées), attaque souvent la région de l’Iturie. A la frontière entre Ouganda, Rwanda et RDC, les reliquats du M23 se cachent dans les volcans et continuent d’exister, sans combats majeurs signalés. En 2016 et en 2017, l’actualité congolaise eclipse le M23 à cause des affrontements contre plusieurs groupes Maï Maï, des groupes d’autodéfense ethniques opposés à la gouvernance de Kabila. En 2017, Sultani Makenga et 200 hommes de l’ex M23 reprennent les armes depuis l’Ouganda et s’établissent au Mont Mikeno, au tripoint frontalier, mais ils restent inactifs jusqu’en novembre 2021. Le groupe n’est cependant pas uni, il s’est scindé en deux factions : l’Armée révolutionnaire du Congo (ARC), dirigée par Bertrand Bisimwa (au Rwanda), et l’Alliance pour le salut du peuple (ASP), dirigée par Jean-Marie Runiga (En Ouganda). Pendant ce temps, l’Ouganda gagne de l’influence en RDC, au détriment du Rwanda. Museveni (leader de l’Ouganda) lance même une opération militaire conjointe avec Kinshasa, dénommée Shujaa. L’Ouganda obtient entre 2020 et 2021 des contrats de construction de routes, notamment la route Goma-Bunagana, considérée comme faisant partie de la zone d’influence du Rwanda L’opération militaire conjointe donne un avantage à Kampala sur Kigali dans un contexte de tensions bilatérales, la présence des ADF diminue et s’éparpille et Kampala aggrandit sa zone d’influence…
2- Retour de l’offensive
En novembre 2021, le M23 marque son grand retour avec des attaques dans la région de Rutshuru contre l’armée Congolaise et des écogardes de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) en poste dans le parc des Virunga, qui ripostent en lançant des offensives vers les bases du M23. Ce retour du M23 s’explique par les tensions entre le Rwanda et l’Ouganda. Le président congolais Tshisekedi accuse Kigali de soutenir le M23, ce qu’a démenti le Rwanda, accusant plutôt la branche ougandaise du M23, l’ASP. Le groupe multiplie les attaques à la fin de l’année et au début de l’année 2022, il est rejoint par de nombreux anciens soldats qui quittent les camps de réfugiés. Le M23 a fait savoir qu’il reprenait les armes, accusant la RDC de n’avoir pas respecté les accords du 12 décembre 2013 à Nairobi au Kenya et accusant les FARDC de ne pas combattre les FDLR (Forces de Libération du Rwanda), toujours actifs en RDC. Si les premières attaques n’obtiennent pas un résultat important, le M23 va attendre un soutien plus actif de l’armée Rwandaise, qui va progressivement s’engager directement au sol. Ainsi, une attaque du M23 contre les FARDC à Nyesisi, dans le territoire de Rutshuru, a débuté dans la nuit du 24 au 25 janvier 2022 et entraîné la mort d’au moins 40 soldats des FARDC. Le 28 mars, le M23 lance des attaques sur 4 villages de la région et le 29, abat un hélicoptère de la MONUSCO. Alors qu’une estimation parlait de 100 à 200 combattants qui ont été impliqués lors des attaques menées entre novembre 2021 et janvier 2022, au moins 400 combattants ont été observés lors de l’attaque de Bunagana (repoussée par les FARDC), le 29 mars 2022, tandis que d’autres combattants ont été observés près de Matebe et sur la route de Rugari-Kibumba le même jour. Un rapport du groupe d’expert sur la RDC pour le Conseil de Sécurité de l’ONU estime ainsi que le M23 a recruté massivement dans les camps de réfugiés au Rwanda et en Ouganda durant l’année 2021 et au premier trimestre 2022. Le 1er avril, le M23 décrète un cessez-le-feu unilatéral après son échec devant Bunagana face aux FARDC et aux UPDF (Uganda People Defense Forces) venues en renfort. Durant l’année 2022, le M23 a considérablement agrandi sa zone de contrôle, seul, ou avec le soutien des Forces de Défense Rwandaises, (Rwandan Defense Forces, RDF). Le 22 mai, les forces du M23 s’emparent de Kibumba et le 25 mai 2022, le M23 prend le contrôle du grand camp militaire de Rumangabo, atteignant les jours suivants la périphérie nord de Goma. Début juin 2022, le M23 attaque Bunagana et prend la ville le 13 juin après le retrait de l’armée Ougandaise qui laisse faire. Pour le groupe, la prise de la ville frontalière est une grande victoire qui va leur permettre de contrôler le commerce et donc de lever taxes et impôts pour se financer. Les combats se poursuivent jusqu’à fin juin, sur une ligne de front entre le parc national des Virunga et la ville de Bunagana. Début octobre, les rebelles, soutenus par les RDF lancent une nouvelle offensive et s’emparent de Rubare, Kalengera et Kako sur la route menant à l’ouest.
Début 2023, le M23 a continué d’étendre la zone sous son contrôle, progressant vers le nord-est, le sud et l’ouest, souvent avec le soutien des Force de défense rwandaise (RDF), malgré une contre-offensive des FARDC, soutenues par des groupes armés locaux, les FDLR et des sociétés militaires privées, notamment Roumaine. Le M23 a pris le contrôle d’autres routes, ponts et villes stratégiques, dont Nyamilima début janvier 2023 ; Kitchanga fin janvier ; Mushaki, fin février ; et, brièvement, la zone minière de Rubaya, produisant le coltan, le 26 février. Le M23 a presque réussi à encercler complètement la ville de Goma, ne lui manquant que le verrou ouest de la ville, Saké. La petite cité est surplombée par les montagnes du Masisi à l’ouest, le lac Kivu au sud, les forêts des coulées volcaniques au nord et une route dégagée à l’est, en direction de Goma et du Rwanda. La ville est véritablement stratégique parce qu’elle est sur la route Goma Bukavu (vers le sud via Minova), Goma Kisangani, (vers l’ouest via Masisi et Walikale) et sur la route Goma Butembo (vers le nord, via Kanya et Lubero), qui prend son importance avec la coupure de la route juste au nord de Goma passant par Rutshuru. Jusqu’à la mi-mars 2023, le M23 a continué à menacer Sake, à seulement 25 km au nord-ouest de Goma, sur la route Mweso-Kitchanga-Goma, notamment en lançant des tirs de mortier. À la mi-mars, le M23 a affronté les FARDC et des groupes armés dans le sud et le sud-ouest de Sake et a pris le contrôle de collines surplombant la route entre Sake et Minova, dans le Sud-Kivu, le long du lac Kivu, atteignant par ailleurs la mine de Rubaya en contrôlant les routes quittant celle-ci. Il n’a pas réussi à couper ce dernier axe vers Goma, à prendre le contrôle du lac ou à pénétrer dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu ; néanmoins, les affrontements ont entraîné des déplacements massifs de civils vers le Sud-Kivu et isolé davantage la ville de Goma. En 2023, le M23 a déboulé depuis Rutshuru en prenant Kitchanga et a ensuite progressé vers le sud, prenant Burungu puis Kingi, deux villages ou les RDF ont été localisés.
B- Cessez le feu et retour des combats
1- Retrait théorique du M23 et reprise des offensives (2023)
Le 23 novembre 2022, un accord de retrait progressif du M23 a été signé en Angola entre les différentes parties au conflit grâce à la médiation du président Joao Lourenço. Le mini sommet a décidé la cessation des hostilités le 25 novembre 2022 et le déploiement progressif des forces de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC). Si le M23 refuse de se retirer, les forces de l’EAC pourront utiliser la force. Ainsi, à la fin de l’année 2022 et en janvier 2023, le M23 se retire de plusieurs positions au nord de Goma, notamment du village de Kibumba et de la base de Rumangabo, des positions qui doivent-être occupées par l’EAC et pas les FARDC. Pendant ce temps, les combats se poursuivent sur les autres fronts. Un Su-25 Congolais est abattu depuis le Rwanda alors qu’il aurait violé la frontière bilatérale pour atterrir à Goma. Les Su-25 sont largement utilisés pour bombarder les positions du M23 en haut des collines sur les hauteurs de Saké. En février, le M23 recapture Kitchanga, s’empare de Mweso, Rubaya et Mushaki, avant de se retirer de plusieurs villages au nord et à l’ouest de Saké, suivant le calendrier de l’EAC. Rapidement, l’EAC est accusé de collusion avec les rebelles. Ainsi, le 4 avril 2023, les forces de défenses de l’Ouganda (UPDF) sont entrées dans Bunagana, ne chassant par le M23 mais coexistant avec le groupe. Une situation similaire a été vue à la base de Rumangabo, où le M23 n’est pas parti et a contrôlé le territoire conjointement avec les forces Kényanes de l’EAC. Sur la route Sake-Kilolirwe-Kitshanga-Mweso, les Burundais étaient eux-aussi face au même cas de figure. Ainsi, le M23 ne s’est retiré que de quelques positions et a partagé les autres avec la force régionale. Face à cette situation, la République Démocratique du Congo a ordonné le départ des forces de l’EAC en octobre 2023, jusqu’au 8 décembre 2024, arguant “le manque de résultats satisfaisant au sol”. D’après le rapport d’experts de l’ONU en juin 2023, “le M23 n’a pas pleinement respecté le calendrier de la Communauté d’Afrique de l’Est adopté à la mi-février, qui avait fixé le 30 mars 2023 comme date limite pour un retrait complet” du M23.
2- Les FARDC coalisent d’anciens rebelles contre le M23
“Au moment de l’établissement du rapport du groupe d’experts de décembre 2023, toutes les parties au conflit avaient violé l’accord de cessez-le-feu, entré en vigueur en mars 2023”, les FARDC en armant des groupes locaux, appelés Wazalendo, les jeunes patriotes et le M23 en relançant ses offensives. Le Mouvement du 23 mars est resté maître de positions stratégiques durant la période de retrait encadré par l’EAC, a regagné des territoires perdus et en a conquis d’autres, malgré les importants renforts des FARDC et le recours à des supplétifs locaux, le M23 a lancé une contre-offensive et repris Kitchanga le 21 octobre 2023.
Il ne fait aucun doute que la République Démpocratique est un Etat failli, bien incapable de gérer ses frontières. La guerre qui dure depuis 30 ans dans l’est met au jour un appauvrissement du pays et un pillage de ses ressources par ses voisins qui n’hésitent pas à intervenir. Le M23 reste le groupe le plus puissant et les FARDC concentrent donc leurs efforts contre celui-ci. Pour ce faire, elles recrutent massivement dans la population locale et encouragent la formation d’une alliance autour de l’armée, espérant un sursaut national. Les groupes armés locaux se sont réunis à Pinga en mai 2022 et ont formé une coalition pour résister au M23. La réunion a rassemblé des groupes armés rivaux , notamment la faction Nduma défense du Congo-Rénové (NDC-R), l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain (APCLS), les Nyatura-Collectif des mouvements pour le changement-Forces de défense du peuple (CMC/FDP), et les Nyatura – Abazungu (Alliance des nationalistes congolais pour la défense des droits humains/Alliance de force de défense du peuple). Les « colonels » Silencieux et Potifaro des FDLR et le Colonel Salomon Tokolonga des FARDC (3411e régiment) étaient également présents. Le 13 juillet 2022, les Forces patriotiques populaires-Armée du peuple, ont rejoint la coalition. La réunion de Pinga a débouché sur un pacte de non-agression entre les groupes armés et donné naissance à une coalition qui s’est associée aux FARDC dans la lutte contre le M23 et ses alliés. À l’issue de cette réunion, les chefs des groupes armés ont annoncé, dans plusieurs documents et messages audio et vidéo, la mobilisation de leurs combattants contre le M23. Des groupes armés étrangers et locaux, dont les FDLR et des groupes jusqu’alors en sommeil comme le Mouvement patriotique d’autodéfense (MPA), ont également commencé à recruter, à s’entraîner et à se réarmer. Evidemment, la présence des FDLR dans cette alliance, renommée Wazalendo en mars 2023 a provoqué une réaction hostile du Rwanda. Au total à la mi-2023, plus de 8 000 Wazalendo avaient été rassemblés et réarmés sous divers commandement, ce qui va à l’encontre de la logique de désarmement des groupes armés de l’est de la RDC.
3- 2024 et situation actuelle
A la fin de l’année 2023, une nouvelle force militaire, principalement sud-africaine de la SADC a été déployée à Goma. Un cessez-le-feu temporaire, négocié en décembre 2023, a été de courte durée, le M23 et les RDF relancent l’offensive au début de l’année 2024, prenant le contrôle de nouvelles zones autour de la cité de Saké, s’approchant notamment de la ville de Minova au sud Kivu et coupant la dernière route Goma-Bukavu. Dans le même temps, le M23 progresse très rapidement au nord de Goma, atteignant le Lac Edouard, s’emparant de toute la frontière Ougandaise jusqu’au lac, des villes de Rwindi, Kibirizi et Nyanzale ainsi que Vitshumbi sur les rives du lac au début de l’année 2024 (ANNEXE 4). Un nouveau cessez-le-feu a été négocié et adopté le 30 juillet 2024, dans le cadre du processus de Luanda pour une entrée en action le 4 août 2024. Celui-ci n’a tenu que quelques semaines avant d’être de nouveau violé. En septembre, les FARDC et leurs alliés Burundais ont lancé une offensive sur la route Masisi-Saké, sans succès. A la suite, le M23 a progressé rapidement en direction de Kitshanga (dans le Masisi), après avoir pris Mweso, Binza et Peti, s’arrêtant à la périphérie de la ville. De nouvelles négociations de paix ont débuté à Luanda à la fin de l’année 2024, mais le Rwanda a refusé au dernier moment d’y participer. Fin décembre 2024, le M23 a lancé une offensive fulgurante en direction de Lubero et Butembo, deuxième ville du Nord-Kivu. Le M23 a progressé de plusieurs dizaines de kilomètres avant d’être arrêté à 25 km de Lubero-ville. A l’aube de 2025, les combats se poursuivent sur une double ligne de front, de Minova sur les rives du lac Kivu à Kamandi Gîte sur les rives du lac Edouard d’un côté, en passant par Kanya, Kitshanga et Rubaya et autour de la ville de Goma de l’autre, entre Kibumba et le volcan Nyiragongo au nord et Saké à l’ouest (ANNEXE 5), avec une contre-offensive en cours des FARDC.
C- Impact sur les civils, viols, massacres, pillages et déplacements
Les offensives du M23 s’accompagnent d’une série de violations des droits humains des deux côtés. Ces violations ont été largement documentées et filmées. Dans un même temps, des centaines de milliers de civils ont été contraints de fuir, beaucoup s’entassent actuellement dans la ville de Goma encerclée.
1- Tensions interethniques
L’offensive du M23, largement soutenue par la présence de Tutsis congolais et rwandais a provoqué une large vague de tensions interethniques dans la région. Le M23 a exploité le discours selon lequel il protégeait de l’extermination les populations congolaises tutsies et Banyamulenge de l’est de la République démocratique du Congo. Dans ses communiqués publics, le M23 évoque un « génocide imminent » contre la population tutsie qu’il prétend protéger, liant ainsi inextricablement celle-ci à ses objectifs belliqueux et expansionnistes. Pour être clair, les violences sont présentes principalement depuis le début de l’offensive du M23. Le fil conducteur de ce discours xénophobe était que les rwandophones, y compris les Tutsis et les Banyamulenge, sont des groupes ethniques étrangers qui doivent retourner au Rwanda. Les discours xénophobes se sont accentués durant l’année 2024 et quelques cas isolés de lynchages et parfois de cannibalisme ont été repérés en RDC. Une répression violente a eu lieu contre les civils manifestants à Goma à plusieurs reprises, la secte mystico-religieuse Foi Naturelle Judaïque Messianique vers les Nations avait prévu une manifestation le 30 août 2023 contre la MONUSCO, des informations non fondées selon lesquelles la secte avait été infiltrée par des éléments du M23 ont provoqué une attaque brutale contre les membres de la secte par les forces spéciales de la Garde républicaine, qui ont tué plus de 57 civils non armés, le 30 août 2023.
2- Massacres perpétrés par le M23
Les pillages, les vols, les extorsions, les enlèvements, les tortures, les viols et les meurtres ont été fréquents dans les territoires contrôlés par le M23. Des tueries collectives ont eu lieu dans les localités de Ruvumu et de Ruseke, respectivement les 21 juin et 1er juillet 2022, dans lesquelles au moins 21 civils, dont des femmes et des enfants, ont été exécutés sommairement ou abattus par le M23/ARC alors qu’ils tentaient de fuir. Le 29 novembre 2022, le M23 a perpétré une série de représailles sanglantes contre des civils dans la ville de Kisheshe, à la suite d’une confrontation armée avec des groupes armés locaux, notamment les FDLR et les Maï-Maï, plus de 100 personnes ont été tuées. Le meurtre d’au moins 11 personnes, dont une femme et deux enfants, à Kazaroho, le 26 février 2023 a aussi été documenté. Au cours de l’année 2023, l’ONU estime que le M23 est responsable de la mort de plus de 1 000 civils sur les terres qu’il occupe, que ce soit dans des massacres, exécutions sommaires ou bombardements.
3- Violences sexuelles dans les territoires occupés
Des personnes travaillant avec des survivantes de violences sexuelles ont recensé au moins 60 femmes, dont huit filles mineures, qui ont été violées par des combattants du M23 dans le territoire de Rutshuru entre novembre 2022 et la fin de l’année 2023. Le Groupe d’experts de l’ONU a interrogé 12 femmes, dont trois mineures, qui ont été violées alors qu’elles retournaient chez elles chercher de la nourriture. Les femmes ont décrit les assaillants comme étant des combattants du M23 en tenue militaire complète, bien armés et parlant le « kinyarwanda du Rwanda ». En plus des massacres et des viols, le M23 est aussi accusé de recourir au travail forcé de la population locale, l’employait pour porter du matériel lourd et construire des fortifications. Il est important de noter que les massacres, viols, pillages et travaux forcés ont aussi été commis par les FARDC et leurs alliés Wazalendo, notamment récemment, avec la présence plus accrue de troupes irrégulières.
4- Crise des réfugiés
Les violences en marge du conflit ont provoqué un déplacement massif de la population Congolaise. Plus d’1,3 millions de civils ont été déplacés depuis 3 ans dans les territoires du Nord Kivu et du Sud Kivu, des déplacés qui sont au total 5,7 millions avec ceux des conflits antérieurs qui n’ont pas pu rentrer chez eux. Lors de l’offensive à Saké, ce sont 300 000 personnes qui ont fui vers Goma, dont de nombreux réfugiés d’autres régions du nord Kivu. D’après le Haut Commissariat aux réfugiés, il y a eu 50 000 cas de violences sexuelles dont la moitié de viols dans le seul nord Kivu en 2023, 37% étaient des mineurs. A Goma, des centaines de milliers de réfugiés s’entassent aux pieds du volcan Nyiragongo dans une situation plus que précaire.
5- Pillages des ressources et complicité mondiale
Le pillage des ressources est le dernier de la longue série de crimes et violations perpétrés par le M23, mais aussi par d’autres groupes armés présents en RDC depuis le début des guerres du Congo. Riche en minerais précieux, le Congo est littéralement pillé par ses voisins, principalement l’Ouganda et le Rwanda qui se concurrencent. Les deux Etats profitent de la corruption et de l’incompétence des élites congolaises pour organiser un vaste trafic et revendre eux-même les minerais. La ressource principale qui intéresse le monde entier, c’est le Coltan, extrait à Rubaya, plus grande mine de coltan du monde, 15% de la production mondiale, un minerai qui sert à fabriquer les téléphones portables. Entre 2021 et 2023, les exportations Rwandaises de Coltan ont doublé. Il faut comprendre que le M23 n’a même pas besoin de contrôler la mine, il lui suffit d’installer ses positions sur les routes sortant de celle-ci pour exporter le mineraie via le Rwanda. L’Union Européenne participe-t-elle au trafic des minerais du Congo ? L’UE importe des minerais depuis le Rwanda, en évoquant la traçabilité des minerais exportés via le système ITSCI. La RDC et le Rwanda utilisent depuis quinze ans ce système de traçabilité dénommé « ITSCI » (Initiative de la chaîne d’approvisionnement de l’étain) qui aurait dû mettre un terme à la fraude. En pratique, les taxes mises en place ont provoqué la poursuite des trafics vers le Rwanda. En 2016, l’entreprise exploitant la mine de Rubaya a décidé de quitter l’ITSCI pour son concurrent, Better Sourcing. Donc l’UE n’est pas en mesure de savoir d’où vient le coltan exploité par le Rwanda s’il a été pillé et s’il a été extrait par des enfants.
III- Le retour d’une guerre régionale
A- Le soutien des RDF au M23
1- Le soutien historique du Rwanda aux Tutsis congolais
La résurgence du M23 s’accompagne par une complicité totale, bien que niée, du Rwanda de Paul Kagame, leader autoritaire depuis la victoire du FPR en 1994. Des centaines de preuves ont été rassemblées, présentant l’implication directe des soldats des Forces de défense Rwandaises (RDF) sur le sol Congolais, de l’utilisation du territoire Congolais comme base arrière et de l’implication politique du Rwanda derrière le M23. Depuis 1996, le Rwanda s’implique sur le territoire de son voisin de manière officieuse. Il a d’abord soutenu et armé les ADFL de Kabila, c’est même l’armée Rwandaise qui forme la majorité des effectifs durant la première guerre du Congo. Durant la seconde guerre du Congo, le groupe Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD-Goma) est soutenu et armé par le Rwanda. Ensuite, c’est au tour du Congrès National du Peuple (CNDP) et de son successeur, le M23, soutenus et armés par le Rwanda (et l’Ouganda). Kigali n’hésite pas à se servir de ces groupes pour mettre la pression sur son grand voisin, avec pour but de gagner un poids politique à Kinshasa (intégration successive de partis politiques tutsis). Kigali est aussi le parrain des chefs militaires et politiques du M23, dont beaucoup sont passés par le FPR. D’après plusieurs rapports du groupe d’experts, le M23 disposerait de 3 000 à 4 000 hommes, peut-être plus, dans l’est de la RDC. Mais celui-ci est appuyé par la présence de 4 000 soldats des RDF à ses côtés. Le M23 et les RDF disposent des mêmes armements et d’un équipement militaire similaire.
2- Le soutien matériel au M23
L’armée du M23 dispose de 4 brigades, le commandement général est exercé par Sultani Makenga, avec Bertrand Bisimwa qui exerce la fonction de président politique du groupe. Fin 2021 et début 2022, plusieurs unités des RDF ont été déployées sur le front aux côtés du M23, les 6ème, 19ème et 25ème bataillons de forces spéciales de la 3ème division de l’armée Rwandaise. Les troupes des RDF déploient ensuite des éléments des 201ème et 301ème brigades sur le sol Congolais, de manière officieuse. Ces estimations datent de 2023 et il est probable que les forces des RDF soient bien plus nombreuses sur place. Le soutien rwandais est d’abord territorial. Le M23 peut trouver sur le territoire rwandais une base arrière pour ses opérations, entre 2013 et 2017, la plupart des anciens combattants du groupe vivaient dans des camps de réfugiés au Rwanda et en Ouganda. Lorsque Makenga reprend les armes en 2017, environ 200 combattants le suivent et s’installent avec lui dans le parc des Virunga où ils mettent en place leur base. Un drone de l’ONU a capturé une vue aérienne de cette base en Novembre 2021 (ANNEXE 6). Le soutien Rwandais s’effectue ensuite dans la formation des combattants, en leur fournissant armes et équipements. Ainsi, les soldats du M23 utilisent en général des uniformes et des casques similaires à ceux des RDF (ANNEXE 7). Des photographies et des séquences vidéo montrent que depuis la mi-juin 2022 au moins, les dirigeants et les combattants du M23/ARC portent de nouveaux uniformes, des casques en kevlar et des gilets pare-balles. Certains équipements militaires, de production récente, ne pouvaient pas appartenir aux anciens stocks du M23 datant de 2012 et 2013. Par exemple, plusieurs grenades antipersonnel de 40 mm et une boîte de munitions de 7,62 x 54 mm, toutes deux produites en 2021, ainsi que des munitions de 12,7 x 108 et des casques en kevlar, tous produits en 2020, ont été retrouvés à la mi-mars 2023 dans des positions abandonnées du M23 à environ 3 à 5 km au nord-est de Sake, dans le territoire de Masisi. Le Groupe d’experts de l’ONU n’avait jamais vu en République démocratique du Congo des fusils d’assaut de type Galil et AK-103, aperçus, le 3 mars 2023, dans un camp mixte du M23 et de la RDF, à Mushaki (ANNEXE 8). Ceci démontre que le M23 venait de se doter d’un nouvel arsenal militaire ou que le matériel récupéré appartenait à une armée régulière soutenant le M23 sur le champ de bataille. Tous sont similaires à ceux utilisés au Rwanda. L’analyse d’images montre que certains combattants du M23 portent du matériel militaire létal qui n’était pas recensé auparavant comme faisant partie de l’arsenal traditionnel du groupe. Une partie du matériel militaire, notamment des armes récupérées sur des lieux d’affrontements dans des zones contrôlées par le mouvement ou des zones où la présence de la RDF avait été signalée, a été fabriquée en 2014 et en 2019. L’imagerie par drone confirme l’approvisionnement transfrontières en artillerie, en armes et en munitions (ANNEXE 9). Le fait que le M23 contrôle de vastes zones frontalières avec l’Ouganda et le Rwanda a facilité les mouvements de matériel militaire, de fournitures et de recrues à travers ces frontières. En plus de ce soutien matériel et logistique depuis la frontière rwandaise, c’est progressivement l’armée rwandaise qui s’implique directement :
3- La présence au sol des RDF pour soutenir le M23
Les RDF ont mené des opérations sur le territoire congolais à partir de novembre 2021, des casques, uniformes et plusieurs soldats des RDF ont été capturés sur le territoire congolais. Les RDF se positionnent souvent à proximité des positions du M23, ils participent activement aux combats contre les FDLR et parfois contre les FARDC. Les attaques du camp de Rumangabo et de la ville de Bunagana (ANNEXE 10) en mai et juin 2022 ont été réalisées conjointement, des colonnes de 200 à 500 soldats ont été repérées entrant depuis le Rwanda et se rendant vers les zones de combats, souvent lourdement armées. Par la suite, de nombreuses autres preuves visuelles montrent la présence accrue des RDF en 2023 et en 2024 sur le front et à l’arrière. Des témoins oculaires, un membre des RDF et des sources diplomatiques ont informé le Groupe d’experts que plusieurs dizaines de membres des RDF avaient été blessés ou tués à la suite d’embuscades tendues par des groupes armés dans le parc national des Virunga et du bombardement par les FARDC de positions des RDF dans le territoire de Nyiragongo. Les blessés et les morts ont été évacués par la route vers le Rwanda. Plusieurs posts sur les réseaux sociaux montrent une surmortalité des soldats rwandais depuis plusieurs mois, en l’occurrence “mort en service”. A la fin de l’année 2023, les FARDC et les mercenaires combattants à leurs côtés ont lancé une série de frappes de drones sur les camps d’entraînement du M23, ce qui les a poussé à se réorganiser. Une base d’entraînement principale a été prise en vidéo par un drone de la MONUSCO, montrant des dizaines de recrues à l’entraînement à Tchanzu sur le territoire du Rutshuru (ANNEXE 11). Les RDF ont été vu dans des offensives importantes du M23 dernièrement, à Rwindi et près de Sake. Le 7 février 2024, un système mobile de défense antiaérienne à courte portée, doté d’un radar rotatif monté et d’un missile sol-air, a été vu par un drone à Bumbi, dans le territoire de Rutshuru (ANNEXE 12), une zone alors contrôlée par le M23 et la RDF. Deux autres systèmes de défense antiaérienne à courte portée ont été signalés près de Kibumba et de Mabenga, dans le territoire de Rutshuru. Le 6 février, un système de défense antiaérienne à courte portée a abattu un drone armé CH-4 des FARDC et, le 7 février, il a pris pour cible et raté un drone de la MONUSCO, c’est-à-dire un moyen des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Durant l’année 2024, un matériel toujours plus sophistiqué a été utilisé par le M23 et les Forces de Défense Rwandaise dans le Nord Kivu, obus de mortiers guidés, drones et défense aérienne.
Ces preuves visuelles confirment que ce n’est pas seulement une guerre de proxy que le Rwanda mène en RDC. Depuis 2021, Kigali et Kinshasa sont en guerre ouverte, bien que non assumée. Ainsi, les deux armées s’affrontent directement, parfois avec l’aide de supplétifs (wazalendo, M23…). Cette guerre oubliée du monde provoque des tensions diplomatiques. L’ambassadeur rwandais à Kigali a été expulsé, le conseil de sécurité saisi et le Rwanda a été sommé à plusieurs reprises de cesser son soutien au M23 et la présence illégale de ses soldats en RDC (ANNEXE 13). Le Rwanda se défend en expliquant qu’il ne fait que combattre les FDLR et protéger les populations tutsis locales face au prétendu “génocide”.
B- L’Ouganda et le Rwanda, tensions et alliance
1- Une relation bilatérale conflictuelle
Le Rwanda et l’Ouganda combattent depuis des années pour le contrôle de territoires sous lesquels des minéraux comme l’or, le coltan, le tantale et bien d’autres sont extraits, ou transitent avant d’arriver dans nos téléphones et nos tablettes. Le contrôle des routes et des mines constitue donc une source majeure de financement pour le M23 et les autres groupes armés et alimente l’instabilité dans toute la région. Par exemple, le contrôle de la mine de Rubaya (ANNEXE 14) (la plus grande mine de ce type dans la région) génère env. 300 000 $ par mois en taxes et en frais de « protection ». Il s’agit d’une somme d’argent énorme dans un pays où il n’y a pas de salaire minimum et où une grande partie des citoyens vivent avec moins d’un dollar par jour, En outre, les puissances régionales telles que le Rwanda, l’Ouganda ou le Burundi reconnaissent toutes que le contrôle de ces minerais répond à un double objectif : il génère des revenus indispensables et il prive ces ressources à des potentiels rebelles qui cherchent à renverser leur propre régime. Finalement, le contrôle de ce territoire est un atout dans leur relations avec les grandes puissances qui rechignent à s’investir directement dans la stabilité de cette région.
C’est tout naturellement qu’au cours des 20 dernières années, les relations entre l’Ouganda et le Rwanda ont été particulièrement au centre de l’attention. Après avoir aidé le FPR à prendre le pouvoir au Rwanda en 1994 et vaincu conjointement Mobutu lors de la Première Guerre du Congo en 1996; l’Ouganda a maintenant des relations difficiles avec son ancien ‘Junior Partner’.
Cela s’est même transformé en guerre ouverte pendant la Seconde Guerre du Congo (lancés conjointement en 98 avant que l’alliance ne se délitent). Les deux pays se sont même battus pendant la Guerre des Six Jours de 2000, pour le contrôle de la riche ville congolaise de Kisangani. Depuis lors, le conflit entre l’Ouganda et le Rwanda est resté une ‘guerre froide’. Les deux pays échangent souvent des accusations d’ingérence interne et de complot de coup d’État, fermant même leurs frontières respectives à tout commerce en 2019 et mobilisant périodiquement leurs armées. Finalement, le calme revient en 2023 et des dirigeants dans les deux pays rappellent leur fraternité et travaillent même ensemble pour le contrôle du Nord-Kivu.
L’offensive du M23 en 2022 en est un exemple, et de nombreux observateurs soulignent une coïncidence troublante. L’offensive s’est produite au moment même où l’Ouganda commençait à déployer des troupes près de la frontière entre le Rwanda et la RDC, pour protéger les routes en cours de construction qui enjambent la frontière entre l’Ouganda et la RDC, ce qui risquent de contourner la route Goma-Kigali-Dar Es Salaam (privilégiée pour l’export de minerais). Ces projets d’infrastructure sont également liés à une décision de la CIJ adoptée en 2022 qui exigeait que l’Ouganda paie 325 millions de dollars en réparation pour la guerre des 6 jours susmentionnée qui avaient causé des dégâts énormes.
2- Amélioration des relations bilatérales et soutien conjoint au M23
Simultanément, alors même que les relations entre le Rwanda et l’Ouganda s’améliorent ; les relations entre le Burundi et le Rwanda se sont effondrées avec des accusations de soutien à des groupes rebelles des deux côtés ; tandis que des troupes burundaises ont été déployées pour soutenir le gouvernement congolais contre le M23. Ces militaires ont depuis été rejoints par des troupes sud-africaines, tanzaniennes et malawiennes au sein d’une mission de la SADC qui peine à remplacer la MONUSCO.
Au total, la région orientale de la RDC abrite désormais une demi-douzaine d’armées régionales différentes et les tensions sont vives au moment même où les négociations bilatérales entre le Rwanda et la RDC sous l’égide de l’Angola sont au point mort. Comme souvent, la position du Rwanda est claire : il interviendra dans le Kivu tant qu’il y aura une chance que le pays serve de base aux rebelles ciblant le Rwanda, surtout s’ils sont soutenus par le gouvernement congolais. Alternativement, le gouvernement congolais affirme que tant que le Rwanda s’immisce en RDC, il soutiendra toutes les forces capables et désireuses de le combattre ; y compris des rebelles issus du génocide de 1994. Pour le Rwanda et l’Ouganda, l’est de la RDC représente une aubaine pour élargir leur champ d’action et développer leur puissance régionale. Kampala a d’abord vu le M23 comme un outil du Rwanda, empêchant la prise de Bunagana en 2021 et en 2022, avant le rapprochement avec Kigali, laissant faire le M23, lui laissant utiliser son territoire et le soutenant parfois au sol. Ainsi, le gouvernement ougandais se fait plus discret, il a démenti laisser passer le M23 et l’armée rwandaise sur son sol, même s’il y a plusieurs preuves attestant de ce droit de passage. Des sources de renseignement et des personnes proches du M23 ont également confirmé la présence d’officiers du renseignement militaire ougandais à Bunangana depuis au moins la fin de l’année 2023 pour assurer la coordination avec les chefs du M23, fournir de la logistique et transporter les chefs du M23 vers les zones contrôlées par le M23. En outre, le 27 janvier 2024, plusieurs sources ont vu des soldats ougandais passer par Kitagoma pour se rendre en République démocratique du Congo et mener des opérations dans les zones contrôlées par le M23, en particulier le groupement Busanza et la ville de Rutshuru, d’où un groupe est allé vers Tongo et l’autre vers Mabenga. En outre, le M23 obtient un soutien direct de la part de l’Ouganda, qui permet également à ses leaders de séjourner à Kampala alors même qu’ils sont sous un régime de sanctions internationales.
C- Intervention étrangères et processus de paix
Depuis plusieurs années, une série d’acteurs internationaux étatiques ou non interviennent dans la région du Nord Kivu, principalement aux côtés des FARDC, pour soutenir le redressement de l’armée et apporter un soutien humanitaire local.
1- La MONUSCO :
La Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo a été créée en 2010, avec pour but de se déployer dans l’est du pays, à la suite de la MONUC, mission précédente datant de 1999. La MONUSCO dispose de près de 20 000 soldats internationaux et participe à la pacification de l’est de la RDC, notamment en menant une brigade offensive pour repousser le M23 en 2013. Mais depuis 2019, le président Tshisekedi souhaite engager son retrait, ce retrait a été confirmé en 2023 pour plusieurs raisons. Le gouvernement de Kinshasa accuse la mission de ne pas avoir empêché la monté du M23 et certaines personnalités politiques l’accusent parfois de soutenir le groupe. La MONUSCO est également accusée de participer aux trafics de la région et de nombreuses manifestations et émeutes l’ont touché, notamment à Goma. En juin 2024, la mission avait quitté le Sud Kivu, mais elle reste encore présente au Nord Kivu et en Iturie, ou elle disposerait de 15 000 hommes. Le conseil de Sécurité de l’ONU a voté le 21 décembre 2024 le renouvellement du mandat de la MONUSCO pour un an avec la résolution 2765. Le retrait de la MONUSCO devrait donc encore attendre.
2- L’EAC, Communauté d’Afrique de l’Est :
Le déploiement de l’EAC remonte à octobre 2022, lorsque 4 pays, le Kenya, l’Ouganda, le Soudan du Sud et le Burundi ont annoncé déployer des troupes pour assurer la mise en œuvre du cessez – le -feu et le retrait progressif et encadrés du M23 de ses positions. Le Kenya a déployé plus de 900 soldats, le Burundi un millier, le Soudan du Sud 750 et un nombre inconnu pour l’Ouganda. Rapidement, les Etats impliqués ont été accusés par Kinshasa de ne pas mettre en œuvre le retrait du M23. Les forces Kenyanes et Sud Soudanaises ont occupé les positions au nord de Goma conjointement avec le M23, une situation similaire a eu lieu dans le territoire du Masisi avec les forces Burundaises. Tout a basculé quand les forces ougandaises ont franchi la frontière pour se positionner à Bunagana. Au lien d’en expulser le M23, elles ont partagé les positions avec le groupe. La RDC a accusé l’EAC d’être inefficace et d’être trop proche du Rwanda (lui même membre de l’EAC), Tshisekedi a boycotté les sommets du groupe et demandé le retrait de celles-ci après le non renouvellement du mandat le 8 décembre 2023.
3- La SADC, Communauté de Développement de l’Afrique Australe
Le déploiement de la SADC débute juste après le départ de l’EAC. Les troupes sud-africaines, les plus nombreuses, sont appuyées par des troupes de Tanzanie et du Malawi. En théorie, plus de 7 000 hommes devaient être déployés, en réalité, plutôt 5 000, dont 2 900 sud-africains. Plusieurs soldats sud-africains ont été tués dans les combats, alors que l’opposition en Afrique du Sud dénonce une armée sous équipée et en manque de financements. A la fin de l’année 2024, la mission de la SADC n’a pas permis plus de résultats que celle de l’EAC ou de l’ONU, malgré le déploiement en pratique de près de 25% de l’armée sud-africaine (plus de 6 000 hommes en tout entre la logistique, la réserve, les rotations…).
4- Accord Bilatéral avec le Burundi
Après le départ de l’EAC, la RDC a autorisé Bujumbura à maintenir ses troupes. En effet, la RDC et le Burundi se sont alliés récemment, notamment parce qu’ils partagent une hostilité commune contre le Rwanda. L’armée burundaise combat tantôt seule, tantôt en coalition avec les forces congolaises. Selon certaines sources, il arrive que ses soldats se retrouvent en première ligne. Ces militaires se sont engagés notamment sur les axes Rwindi-Mabenga et Sake-Minova pour combattre le M23 et les militaires rwandais. Le déploiement burundais de plus d’un millier de soldats est mal vu par Kigali. Ainsi en septembre, les troupes Burundaises ont participé à la tentative d’offensive sur la route Masisi-Saké, les troupes burundaises sont aujourd’hui les meilleurs alliés des FARDC.
5- Les mercenaires
Le dernier acteur étranger présent dans le Nord Kivu est irrégulier, ce sont les compagnies de mercenaires. Au départ, les leaders du M23 accusaient la RDC d’employer la société militaire privée russe Wagner, mais ce n’est pas le cas. La première SMP se nomme Agemira. Elle est enregistrée à Sofia en Bulgarie, mais opère à travers son entité locale, Agemira RDC. A sa tête se trouve le Français Olivier Bazin, alias ”colonel Mario”, un homme d’affaires actif depuis une trentaine d’années dans les milieux franco-africains, notamment comme courtier en équipements militaires. Agemira déploie une quarantaine de techniciens à l’aéroport de Goma, principalement des Biélorusses et des Géorgiens qui entretiennent deux Su-25 et deux Mi-24. Ces appareils, pilotés par des Géorgiens employés par les FARDC, ont été utilisés en novembre 2023 dans le cadre des frappes aériennes contre les rebelles du M23. Mais c’est un autre groupe de mercenaires qui retient l’attention, composé de près de 1 000 mercenaires. Ils sont sous les ordres de l’entrepreneur de guerre roumain Horatiu Potra, un ancien légionnaire français reconverti dans les prestations militaires privées. La SMP de Potra se nomme “Congo Protection” et emploie près de 1 000 mercenaires, principalement des Roumains et des Moldaves, anciens soldats, qui ont pour tâche de former les FARDC et d’assurer la protection des formateurs. Ceux-ci ont été engagés dans des combats contre le M23 et ont subi des pertes. Potra et plusieurs de ses hommes ont été arrêtés en décembre 2024 alors qu’ils transportaient des armes à Bucarest après l’annulation du premier tour de l’élection présidentielle pour ingérence. Les deux SMP sont très actives dans l’est Congolais, participant à la formation et parfois aux combats sur place.
6- Vers la paix ?
A Luanda en Angola,un processus de paix et de cessez le feu devait reprendre, sous les auspices du João Lourenço, le président angolais qui a fait beaucoup pour la paix, prenant la suite du président Kenyan Ruto, accusé par Kinshasa d’être trop proche de Kigali. Pourtant, le 15 décembre 2024, une réunion tripartite sous la médiation angolaise organisée à Luanda, avec les présidents Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et João Lourenço (Angola), a été annulée au dernier moment. Entrepris en novembre 2022 par l’Angola et l’Union africaine, le processus de Luanda, principal dispositif de négociation entre la RDC et le Rwanda, peine à venir à bout de la crise sécuritaire qui sévit dans l’est du Congo. Le cessez -le-feu de l’été dernier a été violé par une nouvelle offensive du M23 en septembre et Kagame a refusé de participer au dernier sommet. Dans le Nord Kivu, c’est une nouvelle fois l’escalade avec des offensives tous azimuts des miliciens Maï Maï et des FARDC contre le M23 en cette fin d’année 2024. Sur le continent africain, la lutte d’influence entre Kigali et Kinshasa se fait de plus en plus virulente. Le Rwanda se retrouve ainsi isolé face à une pression internationale plus forte et une hostilité régionale grandissante contre sa puissance montante. Des tensions ont ainsi éclaté entre les deux principales puissances militaires de la région, l’Afrique du Sud et le Rwanda, qui combattent ensemble les djihadistes au Cabo Delgado, province au nord du Mozambique.
En cette fin d’année 2024, nous assistons à une nouvelle escalade du conflit alors que la situation humanitaire reste très difficile dans l’est de la République Démocratique du Congo.
Conclusion
La République Démocratique du Congo et le Rwanda sont en guerre depuis presque 30 ans sans discontinuer, avec une couverture médiatique faible ou inexistante. Le conflit le plus meurtrier du 21ème siècle (6 à 10 millions de morts depuis 1997), est largement éclipsé de l’actualité internationale. Pourtant, celui-ci trouve ses ressorts dans un élément historique essentiel de la fin du siècle précédent, le génocide Rwandais. Depuis, le Rwanda principalement (mais aussi l’Ouganda), finance et entretien des groupes armés à dominance Tutsis, officiellement pour combattre les miliciens FDLR, descendants des génocidaires Hutus mais officieusement comme un outil politique de domination du Congo pour servir des objectifs économiques, le développement d’une puissance montante, grâce, en partie, aux minerais de l’est Congolais. Depuis 2021, le retour du Mouvement du 23 mars marque le retour d’une confrontation militaire directe (ou indirecte) entre le Rwanda et la RDC, la 5ème (1997-1998, 1998-2003, 2003-2009, 2012-2013, 2021-…). La République Démocratique du Congo a aussi sa part de responsabilité dans le conflit, faiblesse structurelle d’un Etat failli, corruption endémique et impossibilité d’enrayer le trafic illégal des minerais. Ainsi, les grandes entreprises et les grandes puissances font plus confiance aux deux voisins du Congo, le Rwanda et l’Ouganda pour exploiter et exporter les minerais. Les tentatives diplomatiques (négociations de paix) et militaires (MONUSCO, EAC, SADC, Mercenaires…), ont toutes échouées à reprendre le contrôle de la région du Nord-Kivu. La guerre semble s’éterniser, notamment pour les millions de déplacés et les victimes du conflit, bombardements, combats, massacres et viols, tandis que le suivi extérieur reste insuffisant (pas de cartes de la situation, peu de vidéos et peu de reportages sur place).
Clément Molin, étudiant à ILERI-Lyon, co-directeur du think tank Atum Mundi
Notes de bas de pages
1-DSDEN 89 – CASNAV – Approche du pays d’origine : Congo-Kinshasa. (s. d.-d). Lien article
2-Encyclopædia Universalis, GÉRARD-LIBOIS, J., NICOLAÏ, H., QUANTIN, P., VERHAEGEN, B., & YOUNG, C. (s. d.). RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : La période coloniale : le Congo belge. Encyclopædia Universalis. Lien article
3-La colonisation du Congo · Les colonies belges à l’Exposition internationale et universelle de 1958 · Clio2web. (s. d.). Lien article
4-Verhaegen, Benoît. « La décolonisation du Congo (1956-1960) ». Le mouvement et la forme, édité par Michel Molitor et al., Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1989, Lien article
5- 17 janvier 1961 : de l’assassinat de Patrice Lumumba à la naissance d’une idéologie lumumbiste. (2021, 15 janvier). TV5 Monde. Lien article
6-Walter BRUYÈRE-OSTELLS. (s. d.). Dans l’ombre de Bob Denard : Les mercenaires français de 1960 à 1989. nouveaux monde. 22 avril 2016
7- Ibid
8-Coup d’État portant Joseph Mobutu au pouvoir en République démocratique du Congo | Evenements | Perspective Monde. (s. d.). Lien article
9-Réalisée en novembre 1973, la « zaïrianisation » a constitué l’un des événements les plus importants de la politique menée par le régime mobutiste, à savoir la nationalisation progressive des biens commerciaux et des propriétés foncières qui appartenaient à des ressortissants ou groupes financiers étrangers.
10-Morel, J. (2017). Au Rwanda en 1994, le génocide des Tutsi a déclenché la guerre et non l’inverse. Lien Article
11-Duclerc, V. (2021, 26 mars). La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994). FgtDb. Lien rapport
12-Les Banyamulenge, éternels prétextes à la guerre en République démocratique du Congo – Le Temps. (s. d.). Le Temps. Lien Article
13-Conflict Studies Journal at the University of New Brunswick. (s. d.). Wikiwix[archive]. Lien Article
14-La « Grande guerre africaine », une page difficile à tourner pour le Congo-Kinshasa. (s. d.). Areion24.news. Lien article
15-6 millions de morts au Congo. (s. d.). France Inter. Lien Article
16-RD Congo : Arrêtez Laurent Nkunda pour crimes de guerre. (s. d.). Human Rights Watch. Lien rapport
17-RD Congo : Des milliers de personnes fuient les combats à Sake, territoire de Masisi, Nord-Kivu. (s. d.). OCHA. Lien article
18-Recensement Général de la Population et de l’Habitat, UNFPA réaffirme son appui au Gouvernement Congolais. (2024, 30 septembre). UNFPA. Lien Article
19-Nord-Kivu : que veut le M23 ? (s. d.). TV5 Monde. Lien article
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27-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Juin 2022). Lien Rapport (article 61)
28-Ibid (article 63)
29-Ibid (article 66)
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31-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Décembre 2022) Lien Rapport (article 30)
32-Ibid (article 41)
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37-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (juin 2023). Lien Rapport (article 45)
38-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (décembre 2023). Lien Rapport (article 22)
39-Ibid (articles 33 à 40)
40-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (juin 2024). Lien Rapport (articles 31 à 33)
41-Afp, L. M. A. (2024, 31 juillet). Rébellion du M23 : l’Angola annonce un accord de cessez-le-feu entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le Monde.fr. Lien Article
42-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (décembre 2023). Lien Rapport (articles 52 à 54)
43-ibid (article 55 à 57)
44-Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (juin 2023). Lien Rapport (articles 63 à 70)
45- Ibid (article 66)
46-Ibid (article 67)
47-Ibid (article 68, annexes 43-44)
48-Ibid (annexe 45)
49-Ibid (article 70)
50- RDC : 1,3 million de personnes déplacées par les violences dans l’Est. (2024, 26 mars). ONU Info. Lien Article
51-Pierret, C. (2024, 12 juin). Les richesses minières de la République démocratique du Congo suscitent l’avidité des puissances locales et globales. Le Monde.fr. Lien Article
52-Rolley, S. (2024, août 29). En RDC, l’échec patent de la traçabilité du coltan indispensable aux smartphones. Le Monde.fr. Lien Article
53-Op cité Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (juin 2024). Lien Rapport (article 37)
54-Op cité Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (décembre 2023). Lien Rapport
55-Webmaster. (2024, 29 mai). Tombés dans le silence : en République démocratique du Congo, les morts de la guerre inavouée de Paul Kagame – Forbidden Stories. Lien Article
56-Op cité Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (juin 2024). Lien Rapport (article 57)
57-RDC : le mandat de la Monusco renouvelé pour une année. (s. d.). Anadolu Ajanci Lien Article
58-RDC : Le mandat de la force de l’EAC prend officiellement fin, mais quand partiront ses soldats ? (2023, 8 décembre). RFI. Lien Article
59-Déploiement de la SADC en RDC. (2024, 4 janvier). [Communiqué de presse]. SADC. Lien Communiqué
60-Est de la RDC : la présence de soldats burundais empire-t-elle les tensions avec Kigali et Kampala ? (2024, 18 juillet). RFI. Lien Article
61-Olivier Liffran, Joan Tilouine, L’événement – RDC Les discrets prestataires privés au service de l’armée congolaise dans l’Est Africa Intelligence, 6 janvier 2023 Lien Rapport
62-Chastand, J. (2024, 15 décembre). En Roumanie, le rôle trouble de mercenaires franco-roumains dans la campagne du candidat prorusse à la présidentielle. Le Monde.fr. Lien Article
Bibliographie
Livres et Chapitres de livres :
- Bruyère-Ostells, Walter. (s. d.). Dans l’ombre de Bob Denard : Les mercenaires français de 1960 à 1989. Nouveaux Mondes. (22 avril 2016)
- Verhaegen, Benoît. (1989). « La décolonisation du Congo (1956-1960) ». Dans Le mouvement et la forme, édité par Michel Molitor et al., Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles. Lien article
Articles de journaux et publications en ligne :
AFP-Le Monde Afrique
- Afp, L. M. A. (2017, 14 juillet). Est de la RDC : 80 000 déplacés en six jours de combats à Fizi. Le Monde.fr. Lien Article
- Afp, L. M. A. (2024, 31 juillet). Rébellion du M23 : l’Angola annonce un accord de cessez-le-feu entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Le Monde.fr. Lien Article
BBC News Afrique
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- BBC News Afrique, Tensions entre la RD Congo et le Rwanda : L’attaque de l’avion de chasse congolais est un « acte de guerre » (2023, 25 janvier). Lien Article
- Dale, P. P. Qui est Bosco Ntaganda, le « Terminator » congolais condamné par la CPI, BBC News Afrique, (2019, 8 novembre). Lien Article
TLQF
- LECLERC, Jacques. « République démocratique de Congo (ex-Zaïre) » dans L’aménagement linguistique dans le monde, Québec, TLFQ, Université Laval, 4 septembre 2006, [http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/czaire.htm], (23 juin 2008)
Radio Okapi
- Radio Okapi, Goma : retour sur les événements majeurs de la semaine. (2015, août 10). Lien article
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- Lepidi, P. Les cinq phrases à retenir du discours de Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018. Le Monde.fr, (2018, 12 décembre). Lien Article
- Pierret, C. ). Les richesses minières de la République démocratique du Congo suscitent l’avidité des puissances locales et globales. Le Monde.fr, (2024, 12 juin). Lien Article
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Autres
- Webmaster. Tombés dans le silence : en République démocratique du Congo, les morts de la guerre inavouée de Paul Kagame. Forbidden Stories, (2024, 29 mai) Lien Article
- Morel, J. Au Rwanda en 1994, le génocide des Tutsi a déclenché la guerre et non l’inverse (2017). Lien Article
Rapports et documents officiels :
- Affaire Ntaganda. Cour Pénale Internationale, (2021, août). Lien Affaire
- Déploiement de la SADC en RDC. [Communiqué de presse], (2024, 4 janvier). Lien Communiqué
- Duclerc, V. La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-1994). FgtDb. (2021, 26 mars) Lien rapport
- Mini sommet sur la paix et la sécurité dans la région est de la RDC. [Communiqué de presse], (2022, 23 novembre). Lien communiqué
Groupe d’expert sur la RDC :
- Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Juin 2022). Lien Rapport (articles 35 à 65 + annexes)
- Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Décembre 2022). Lien Rapport (article 30 à 65 + annexes)
- Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Juin 2023). Lien Rapport (articles 30 à 74 + annexes)
- Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Décembre 2023). Lien Rapport (articles 20 à 60 + annexes)
- Rapport final du Groupe d’experts sur la République démocratique du Congo. (Juin 2024). Lien Rapport (articles 30 à 70 + annexes)
Autres
- RD Congo : Arrêtez Laurent Nkunda pour crimes de guerre. (s. d.). Human Rights Watch. Lien rapport
- RD Congo : Des milliers de personnes fuient les combats à Sake, territoire de Masisi, Nord-Kivu. (s. d.). OCHA. Lien article
Encyclopédies et Ressources éducatives :
- Encyclopædia Universalis, GÉRARD-LIBOIS, J., NICOLAÏ, H., QUANTIN, P., VERHAEGEN, B., & YOUNG, C. (s. d.). RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO : La période coloniale : le Congo belge. Encyclopædia Universalis. Lien article
- La colonisation du Congo · Les colonies belges à l’Exposition internationale et universelle de 1958. (s. d.). Clioweb.
Sigles et acronymes principaux
RDC : République Démocratique du Congo
FARDC : Forces Armées de République Démocratique du Congo
FDLR : Forces Démocratiques de Libération du Rwanda
NDC-R : Faction Nduma défense du Congo-Rénové
APCLS : l’Alliance des patriotes pour un Congo libre et souverain
CMC/FDP : Nyatura-Collectif des mouvements pour le changement-Forces de défense du peuple
RDF : Rwandan Defense Forces (Forces de Défenses Rwandaises)
FPR : Front Patriotique Rwandais
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo
RCD(-Goma) : Rassemblement Congolais pour la Démocratie
CNDP : Congrès National du Peuple
M23 : Mouvement du 23 mars 2009
SADC : Communauté de Développement de l’Afrique Australe
EAC : East African Community (Communauté d’Afrique de l’Est)
ONU : Organisation des Nations Unies
MONUC : Mission de l’Organisation des Nations Unies pour le Congo
MONUSCO : Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Sécurité du Congo
ADF Allied Democratic Forces
UPDF : Uganda People Defense Forces (Forces de Défenses Populaires d’Ouganda)
MLC : Mouvement pour la Libération du Congo
UNITA : Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola
Annexes
Annexe 1 : La situation politique dans l’ancien Congo belge en 1961, durant la crise congolaise
Date : 20 April 2014, Auteurs: Don-kun, Uwe Dedering
Annexe 2 : Carte des offensives de l’AFDL durant la première guerre du Congo
Sources : Johnson, Kongo, Kriege, Korruption und die Kunst des Überlebens. Brandes & Apsel, Frankfurt am Main, 2009 Stearns: Dancing in the Glory of Monsters Der Spiegel 45/1996 p. 167; 7/1997 p. 128; 19/1997 p. 146
Annexe 3 : Carte de la seconde guerre du Congo, 2001-2003
Sources: German article Zweiter Kongokrieg and its sources Jason Stearns: Dancing in the Glory of Monsters. The Collapse of the Congo and the Great War of Africa. Public Affairs, 2011
Annexe 4 : Carte de la situation au Nord Kivu en mars 2024 par Samuel Rigal
Annexe 5 : Capture d’écran de la carte en ligne de Clément Molin montrant la situation approximative au Nord-Kivu le 24 décembre 2024
Annexe 6 : Vue aérienne d’une position du M23 sur le mont Vysoke depuis un drone de la MONUSCO en novembre 2021
Annexe 7 : Casques et uniformes capturés sur des positions du M23 par les FARDC (photos partagées au groupe d’experts en charge de la RDC). (Rumangabo, 2022)
(Kibumba, 12 juin 2022)
Annexe 8 : Photo vue d’un drone d’un fusil d’assaut Galil, probablement Galil ACE GEN1, jamais vu sur le territoire de la RDC avant mars 2022.
Annexe 9 : Opérations transfrontalières de transfert d’équipements
3 juillet 2022 (transfert de mortiers depuis le Rwanda capturé par un drone de la MONUSCO).
Utilisation d’un pick-up pour transporter hommes et munitions depuis le Rwanda (21 décembre 2022)
Annexe 10 : Transfert d’une colonne de 200 à 500 soldats des RDF en direction de Rumangabo (13 juin 2022 à 19h40)
Annexe 11 : Vues aériennes du grand camp d’entraînement à Tchanzu (19 décembre 2023)
Annexe 12 : système de défense aérienne rwandais utilisé sur le territoire du Rutshuru
Annexe 13 : Preuves de la présence de soldats rwandais en RDC, photos d’identités et carte de la présence des RDF dans le Nord Kivu (ACLED).
Annexe 14 : Photos du trafic illégal de coltan depuis la mine de Rubaya vers le Rwanda
Annexe 15 : Carte du déploiement des troupes de l’EAC en RDC
Ping : A Goma, les affrontements entre le M23 soutenu par l'armée rwandaise 🇷🇼 et la RDC 🇨🇩 se rapprochent de la ville - Atum Mundi
Bonjour Clément,
Possible d’avoir cet article en pdf?
Bonjour Mon frère, j’aimerais avoir cet article sous format pdf