En Syrie, la guerre n’est pas encore terminée
Dans le nord-est du pays, l’ANS pro-turque 🇹🇷 et les FDS-YPG Kurdes s’affrontent toujours.
Au sud-est, Israël 🇮🇱 poursuit son invasion et partout enfin, des affrontements ont toujours lieu.
Pour la majorité de la Syrie, la guerre est terminée. Ahmed Al Sharaa et son gouvernement composé de membres d’HTS mène des négociations nationales et internationales pour reconstruire le pays et organiser la transition politique.
Al Sharaa justifie la domination politique d’Hayat Tahrir Ash Sham en expliquant qu’il faut un gouvernement uni pour organiser la suite.
Celui-ci tente d’unifier l’armée syrienne et de faire lever les sanctions.
La nouvelle administration syrienne poursuit de nombreux affrontements partout dans le pays. Celle-ci cherche à désarmer les groups armés locaux et doit également combattre quelques loyalistes à l’ancien régime qui sont entrés en résistance, notamment dans la région de Lattaquié.
Une nouvelle armée syrienne se dessine. Le ministre de la défense rencontre depuis plusieurs semaines les chefs de l’ensemble des groupes armés du pays.
Les principaux :
-Hayat Tahrir Ash Sham (HTS, dont il est représentant)
-Chambre des opération sud (+ de 40 factions, à Daraa)
-Groupes armés Druzes -Mouvement des Hommes de la Dignité et Brigade de la Montagne (région de Suweida)-
Ceux-ci ont accepté le principe d’une armée unie en restant sur leurs terres.
Négociations à venir :
-Armée Nationale Syrienne
-Forces Démocratiques Syriennes
En effet pour ces deux dernières, la guerre civile n’est pas terminée.
Les Forces Démocraties Syriennes et Unités de Protection du Peuple (YPG) refusent de quitter le territoire qu’elles occupent, c’est à dire tout le nord-est de la Syrie.
Réfugiées derrière l’Euphrate, les FDS-YPG doivent leur salut à la petite présence américaine, qui pourrait se poursuivre.
Les FDS-YPG ne craignent pas le nouveau gouvernement syrien, elles en ont même adopté le drapeau, mais l’ANS, Armée Nationale Syrienne, pro Turque.
En effet, depuis la chute d’Assad, l’ANS cherche à détruire les groupes armés Kurdes.
Derrière l’ANS, c’est évidemment la Turquie, qui espère gagner en influence plus largement au nord de la Syrie et détruire les groupes armés kurdes, notamment ceux affiliés/alliés au PKK.
L’offensive de l’ANS depuis la région d’Alep en direction de l’Euphrate vise à repousser les forces Kurdes derrière l’Euphrate puis les poursuivre encore plus loin.
Cependant, ceux-ci ont subi de lourd revers et leur offensive n’avance pas.
Depuis quelques jours, l’armée turque est entrée massivement en action en multipliant les frappes aériennes et les tirs d’artillerie, en vain. Les FDS maintiennent leur présence à Dayr Hafir et sur le barrage sur l’Euphrate.
L’armée turque frappe massivement les positions Kurdes, occasionnant régulièrement des pertes chez les combattants kurdes.
Le gouvernement d’Al Sharaa semble décidé à maintenir le statu quo des kurdes, négociant un partage des revenus du pétrole (c’est dans la zone sous occupation kurde qu’il est principalement exploité) et refusant d’entrer en guerre pour reprendre les zones de peuplement arabes à Raqqa ou Hassaka.
Les Kurdes pourraient compter sur un allié inattendu pour convaincre la future administration américaine de continuer à les soutenir, Israël. L’Etat Hébreux poursuit ses opérations dans la région de Kuneitra au sud-ouest de la Syrie.
Les troupes d’occupation Israéliennes ont largement aggrandi leur zone d’occupation du Golan, s’emparant du Mont Hermont et de plusieurs localités, officiellement comme « une zone tampon temporaire ».
Dans sa nouvelle politique syrienne, Israël essaie de s’appuyer sur les Druzes, mais pourrait aussi tenter de courtiser les Kurdes.
Isolés au Moyen-Orient, présent en Iran, Irak, Syrie et Turquie, Israël pourrait trouver chez le peuple Kurde un allié, notamment en Syrie.
Il y a donc 4 défis majeur pour la nouvelle politique de défense de la Syrie post Assad
-Unifier les groupes armés
-Faire face à la guerre au nord et aux opérations turques
-Faire face à l’invasion israélienne au sud
-Désarmer les factions hostiles et groupes armés.
Evidemment, n’oublions pas la présence de l’Etat Islamique et de djihadistes étrangers (dont beaucoup étaient à Idlib) qui sont d’autres défis. Le gouvernement de transition doit également gérer l’encadrement et le paiement de centaines de milliers de soldats. Autre problème, déminer le pays. Les 14 ans de guerre civiles ont laissé des traces indélébiles dans le paysages syriens, qui impacteront des générations.
En plus du plan militaire, Al Sharaa doit aussi gérer le côté économique.
Pour reconstruire la Syrie et espérer le retour d’un maximum d’exilés, il faut que les sanctions soient levés et que des investissement étrangers affluent.
Pour cela, Al Sharaa et son ministre des affaires étrangères multiplient les rencontres diplomatiques.
Au Moyen-Orient : Oman, Emirats Arabes Unis, Qatar et Arabie Saoudite.
Turquie, envoyé de l’ONU pour la Syrie, Liban et sommet de Riyadh pour le proche orient, avec la première viste du ministre des affaires étrangères en Arabie, Jordanie et aux Emirats.
Le ministre a d’ailleurs prévu une tournée européenne.
Des délégations diplomatiques ukrainiennes, franco-allemandes, italiennes et britanniques se sont rendues à Damas récemment.
Les deux principaux défis de la future Syrie sont d’ordre sécuritaire et économique, tout ce que vous entendrez sur le culturel n’est qu’une façade sur laquelle il ne sert à rien de s’attarder.
Si vous avez 16 minutes, lisez les sous-titres :
Merci d’avoir suivi ce nouveau thread sur la Syrie. Lorsque j’avais suivi l’offensive d’HTS, j’avais promis de garder un œil dessus.
Clément Molin