Le président de transition syrien, Ahmed al-Chaara, est invité à l’Élysée ce mercredi.

Pourquoi la France invite-t-elle un ancien membre d’Al-Qaida à Paris ?
Pourquoi est-ce une décision stratégique ?

 

D’abord, il faut rappeler que les relations internationales doivent être analysées froidement. Elles sont souvent guidées par des intérêts nationaux et une logique de pragmatisme.

 Si l’on veut un avenir stable pour après des années de guerre civile, de massacres et de terrorisme, il est primordial de discuter avec le pouvoir en place. C’est dans ce cadre que le ministre Jean-Noël Barrot s’était rendu à Damas en janvier dernier.

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Oui, Ahmed al-Chaara est un ancien commandant djihadiste. Mais aujourd’hui, il est chef d’État, et c’est tout ce qui importe pour négocier.Depuis son arrivée au pouvoir, il a prôné une politique d’unité entre les différentes communautés ethno-religieuses. Il a aussi soigné sa communication pour s’aligner sur les standards occidentaux

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Qu’a-t-elle à y gagner, la France ? Sécurité, influence et enjeux économiques.🇫🇷

 

Avec cette rencontre, la France espère poser ses exigences vis-à-vis du pouvoir syrien. La stabilité de la Syrie et du Moyen-Orient est une priorité pour la diplomatie française, notamment en lien avec le Liban. Ensuite, la stabilité syrienne est une arme décisive contre le terrorisme. Le ministre avait déclaré que cela représentait un enjeu de sécurité, pour les Syriens, pour tous les habitants de la région, et surtout pour les Français. La reconstruction de la Syrie attirera de nombreuses entreprises. Si la France entretient des relations privilégiées, elle pourra en tirer des bénéfices économiques significatifs.

On peut aussi espérer des avancées démocratiques, même si cela reste peu probable dans les faits. Il ne s’agit pas d’attendre une démocratie parfaite, mais quelques garanties sur les droits civiques et politiques seraient déjà des progrès notables. À moyen/long terme, l’objectif pourrait être de promouvoir des avancées démocratiques tout en développant nos réseaux commerciaux, renforcer notre influence, et se positionner comme médiateur pour un avenir stable en Syrie.

Toutefois, la Syrie reste instable. En mars dernier, 1 700 Alaouites ont été massacrés. Des combats continuent contre les Druzes. Les tensions avec Israël persistent.Image

Une question essentielle demeure : quel avenir pour la République syrienne ? Une république islamique sunnite, sur le modèle iranien ? Un pouvoir autoritaire, mais stable et modernisé ?

 

Cette question est cruciale, car Israël ne laissera pas s’installer une république islamique à sa frontière. N’oublions pas que le plateau du Golan, conquis en 1967, reste un point de friction majeur. La question kurde sera probablement évoquée. Selon le professeur Balanche, les Kurdes pourraient être les prochains visés. Leur volonté d’autonomie reste forte, et ils n’aspirent pas à l’intégration dans la nouvelle Syrie. Image

Cette question est importante pour la France. Les Kurdes ont été le principal bras armé des Occidentaux dans la lutte contre Daech.Image

En conclusion, cette visite est essentielle pour la diplomatie française : elle renforce son influence, sa volonté de stabiliser la région et de contribuer à la reconstruction d’une Syrie pacifiée. C’est une France avant-gardiste dans la Syrie de demain. Elle est aussi importante pour Ahmed al-Chaara, qui veut s’assurer de bonnes relations avec les Européens et montrer son pragmatisme

Thread X par Alexandre HALLARD

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