« L’OTAN devra contenir la Russie pendant au moins 10 ans » selon les services de renseignement estoniens
Le 17 décembre dernier, dans une interview donnée par Reuters au chef des services de renseignements estoniens Kaupo Rosin, a déclaré que la présence de l’OTAN en Estonie et dans les pays Baltes en général devrait durer encore au moins 10 ans. Selon lui, l’alliance atlantique devrait significativement investir dans sa présence militaire dans la région afin de contenir la Russie pour les 20 prochaines années. Cette tâche serait, selon lui, réalisable mais qu’elle devait être sérieusement prise au sérieux à l’Ouest. Monsieur Rosin déclare que “la Russie fera tout son possible” afin de perturber le renforcement de la présence militaire de l’OTAN à ses frontières (Estonie, Lettonie, Lituanie). L’Estonie, petit pays de seulement 1,3 millions d’habitants et possède pour frontière orientale un turbulent voisin russe, qui, depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, fait de plus en plus peur.
Ainsi, depuis 2016, plusieurs pays de l’alliance atlantique accueillent des bataillons et bientôt des brigades composées de soldats de différents pays. Lors du sommet de l’alliance de 2016 à Varsovie, plusieurs pays de l’alliance ont décidé de mettre en place une “présence avancée renforcée” (enhanced Forward Presence ou eFP) le long des frontières sud-est et plus particulièrement au nord-est donc dans l’ensemble des pays Baltes et en Pologne. C’est donc pas moins de quatre groupements tactiques multinationaux, qui, conformément aux décisions prises lors du Sommet de Varsovie, sont alors déployés dans les pays Baltes et en Pologne. Le groupements tactiques nord-est (concernant les Pays Baltes et la Pologne), voient leur QG installé à Szczecin.

La menace d’un désengagement américain
Par ailleurs, cet appel du chef des services de renseignements estoniens à davantage investir dans une dissuasion sur le long terme aux frontières de l’OTAN avec la Russie, renvoie à rappeler à certains pays membres le respect de l’objectif de 2% du PIB dépensé dans le budget défense. Cependant, en 2023, seuls 11 pays sur 30 dans l’OTAN (dont l’Estonie) atteignent l’objectif fixé des 2% du PIB, et de nombreux responsables de ces pays critiquent le gap d’investissements entre les différents pays de l’Alliance, encore plus depuis le renforcement de la menace russe aux frontières.
Le 10 février dernier, Donald Trump alors en campagne en Caroline du Nord, qualifiaient ces pays de “mauvais payeurs”, s’ ils ne respectaient pas les 2%, et menaçait de laisser les Russes faire “ce dont bon leur semble” si les pays de l’OTAN concernés ne rectifiaient pas le tir. Encore aujourd’hui, à l’aube de son nouveau mandat, les menaces de Trump vis-à-vis de l’OTAN paraissent toujours aussi réelles et l’écho d’un retrait militaire américain en Europe fait peur Cependant, ces menaces ne seront sans doute jamais mises à exécution, les intérêts de Trump et des États-Unis ne prévaudront pas dans le cas d’une Russie en position de force aux portes orientales de l’Europe.

Thread X par Florian Ménigot