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Le Vlaams Belang, parti nationaliste et indépendantiste Flamand, est crédité à environ 30 % dans les sondages lors des élections Fédérales et Européennes en Belgique et serait en passe de devenir le premier parti en Flandre. Ce résultat fait craindre une crise politique majeure dans le Royaume et le retour d’un « Dimanche Noir ».

« Vlaanderen weer van ons » (en français, « La Flandre est à nous »), tel est le nouveau slogan du Vlaams Belang, parti politique fondé en 2004 sur les cendres du Vlaams Blok, dissous après une condamnation pour racisme. Le Vlaams Belang milite pour l’indépendance de la Flandre et propose des mesures drastiques pour y parvenir. Parmi ses propositions, on peut citer son souhait de réserver la sécurité sociale et les pensions exclusivement aux Flamands. En matière d’immigration, il défend une politique extrêmement stricte, avec pour mesure phare l’interdiction totale de l’immigration pendant au moins dix ans. De plus, le Vlaams Belang se montre très critique envers l’Union Européenne, appelant à une réduction significative de son influence et à la suppression du Parlement européen.

Ces positions politiques du Vlaams Belang sont largement critiquées par la majorité du spectre politique belge ainsi que de nombreux politicologues, « Le Vlaams Belang va à l’encontre de la Constitution et du droit européen en voulant restreindre l’immigration internationale et l’immigration des francophones (Wallons en périphérie flamande, Suisses, Français, Québécois…), proposition contraire à la libre circulation des personnes. » avance le politologue français Jean-Yves Camus.

Un parti « Jeune ».

L’une des clés du succès récent du Vlaams Belang réside dans sa capacité à attirer les jeunes électeurs. Selon l’université de Gent, « la base électorale du Vlaams Belang, c’est la jeunese ». Cette tranche d’âge est un vivier essentiel pour le parti, qui voit en elle l’avenir de son électorat. La jeunesse du Vlaams Belang est regroupée sous l’organisation “Vlaams Belang Jongeren” (VBJ) qui joue un rôle central dans la dynamique du parti. VBJ organise en masse des événements tels que des conférences, des débats et des actions de terrain, pour engager et mobiliser les jeunes. Leur présence sur les campus universitaires et dans les lycées en Flandres est particulièrement marquée avec des campagnes fortes et ciblées sur les thèmes de prédilection du parti comme l’immigration.

Université d’été de la Ligue des jeunes d’intérêt flamand

Les réseaux sociaux : le levier stratégique du Vlaams Belang.

L’autre pilier du succès du Vlaams Belang, qui lui sert également de source d’attraction de la jeunesse, c’est son utilisation stratégique des réseaux sociaux. Le parti a compris très tôt l’importance de ces plateformes pour toucher un public large et diversifié. Sous la direction de Tom Van Grieken, le Vlaams Belang a investi massivement dans sa présence en ligne, utilisant des plateformes comme Facebook, Twitter, Instagram et TikTok pour diffuser ses messages. Ainsi le Vlaams Belang dépense plus dans la communication via les réseaux sociaux que tout les partis francophones réunis (Voir graphique).

Et cela réussi au Parti, les statistiques parlent d’elles-mêmes : le compte Facebook du Vlaams Belang compte plus de 500 000 abonnés, tandis que leur chaîne YouTube a enregistré plus de 10 millions de vues en 2023. Sur TikTok, où les jeunes sont particulièrement actifs, les vidéos du parti génèrent des centaines de milliers de vues, avec un contenu allant des clips politiques aux mèmes humoristiques, en passant par des témoignages de jeunes sympathisants. Un exemple frappant de cette stratégie est la campagne #EigenVolkEerst (#NotrePeupleD’abord), qui a fait le buzz sur Instagram et TikTok.

Face au Vlaams Belang, un cordon sanitaire qui s’affaiblit.

Face à cette montée en puissance du VB, et notamment à la suite des élections de 2019 où celui-ci a réussi à posséder 23 sièges au Parlement Flamand, un cordon sanitaire s’est instauré en Flandre. En tête de ce cordon, la N-VA (Nieuw-Vlaamse Alliantie) premier parti du parlement Flamand, lui aussi axé sur le nationalisme Flamand avec néanmoins de nombreuses différences de fond avec le VB. Le président de la N-VA, Bart De Wever préfère le confédéralisme comme fonctionnement de l’Etat Belge et veut prendre ses mesures institutionnelles au Parlement fédéral, en collaboration avec le Parti Socialiste de Paul Magnette. Autre exemple cette fois-ci concernant l’Europe où la N-VA se présente comme un parti « euro-réaliste » et plaide en faveur d’une coopération européenne réalisable soutenue par les citoyens, loin donc du VB et de son euroscepticisme dur.

Tom van Grieken (à gauche) accompagné de Bart de Wever (à droite)

De plus Bart de Wever juge « absurde» la stratégie du Vlaams Belang pour une indépendance de la Flandre, via une déclaration unilatérale au Parlement flamand et suivie d’une période de cinq années de négociations avec la Belgique francophone. La N-VA, dirigée par Bart De Wever, a ainsi maintenu un cordon sanitaire autour du Vlaams Belang, refusant toute collaboration avec le Vlaams Belang. Cependant, Bart De Wever reconnaît toutefois que la question d’une collaboration avec le Vlaams Belang divise son parti et que la pression monte au sein de la N-VA pour réévaluer cette stratégie, dû notamment à la fuite de plus en plus importante des soutiens du N-VA vers le Vlaams Belang qui ne cesse de progresser et aura comme conséquence de faire passer le VB comme première force du parlement Flamand en 2024. Face à cette situation, certains membres de la N-VA plaident logiquement pour une révision du cordon sanitaire afin de ne pas perdre davantage d’électeurs au profit du Vlaams Belang.

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