L’opposition allemande vent debout après l’appel passé par Olaf Scholz à Vladimir Poutine.
Alors que le chancelier Scholz est menacé par les prochaines élections, cette prise de contact irrite.
C’est le visage du moment outre-rhin, Friedrich Merz, chef du parti conservateur allemand, la CDU, pourrait bien être le prochain chancelier.
Les élections législatives allemandes sont prévues pour septembre 2025, mais l’éclatement du gouvernement devrait avancer cette date.
Il y a deux semaines, Scholz a limogé le ministre libéral des Finances et président du FDP (centre) Christian Lindner.
Celui-ci a décidé de quitter la majorité SPD-FDP-GREEN.
Dès lors, la CDU de Merz demande des élections anticipées pour février 2024.
En effet, les derniers sondages évoquent un effondrement du SPD (-10%), du Centre (-7%) et des verts (-5%), au profit de la CDU qui gagne 8% et se placerai en tête avec 32% des intentions de votes.
Mais il y a bien un loup dans la bergerie, c’est le parti d’extrême droite AFD, qui grimpe en flèche depuis plusieurs années, jouant sur l’immigration, la situation économique et l’inflation.
Le parti augmenterait de 10% et se classerait second avec 19% des votes.
En Allemagne, la CDU de Merz est pour un soutien plus important à l’Ukraine, proposant la livraison de missiles Taurus, mesure que Scholz refuse de prendre depuis des mois.
Scholz se veut en pacifiste avant les prochaines élections. Pour cela, il a pris contact avec Vladimir Poutine pendant plus d’une heure hier. Cet appel a provoqué l’ire de Kiev, mais aussi de l’opposition allemande, qui l’accuse d’avoir contribué à la « propagande » de Moscou.
Lors de l’appel, le chancelier a demandé à la Russie de montrer sa « volonté d’entamer des négociations avec l’Ukraine en vue d’une paix juste et durable », selon un communiqué du gouvernement allemand.
Vers une coalition CDU-SPD ?
Face au manque de majorité des différents camps, il est probable que la CDU de Merz cherche des compromis avec le SPD de Scholz, comme ce fut le cas durant l’ère d’Angela Merkel, après les élections. En Allemagne, le soutien à l’Ukraine divise. L’AFD se positionne comme pro-Russe et donc dans le contexte actuel, pro-paix. Le SPD est traditionnellement pacifiste et se veut comme parti de la paix, alors que la CDU promet d’accentuer le soutien à l’Ukraine.
Mais les élections Allemandes doivent-elles inquiéter la France ?
C’est @AurelienDuchene qui nous a présenté le problème que poserait l’élection de Merz pour la relation Franco-Allemande :
Son retour signifierait le retour d’une Allemagne volontariste.
-> augmentation drastique des dépenses militaires
-> retour des centrales nucléaires
-> volonté de diriger de nouveau l’UE
-> une Allemagne volontariste qui mettrait la France sur la touche
D’ailleurs, l’ex ministre des affaires étrangères Allemande, Annalena Baerbock, a prononcé une phrase qui devrait faire du bruit en France : « Notre réponse à America First, ne doit pas être Germany First, mais l’Europe Unie avec une Allemagne forte prête à diriger ».
Alors que la crise politique se poursuit en Allemagne, c’est deux visions du soutien à l’Ukraine qui s’opposent. Scholz le pacifiste et Merz le volontariste. Pour l’Europe, l’attente prolonge l’incertitude.
Clément Molin