Dans la corne de l’Afrique, le grand jeu diplomatique.

Face à l’expansionnisme Ethiopien vers la mer Rouge, l’Egypte rassemble ses alliés autour d’une nouvelle alliance informelle.

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A Asmara, le dirigeant Egyptien Al Sissi a rencontré ses homologues Somaliens et Erythréens lors d’une réunion tripartite.Les trois pays partagent un point, la crainte de l’Ethiopie.

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Il y a un peu plus d’un mois, la Somalie et l’Egypte avaient signé une alliance militaire, visant indirectement Addis Abeba.Thread rédigé par @clement_molin

Si le communiqué final du jour ne mentionne pas une alliance militaire et met l’accent sur la coopération, il faut bien comprendre que les 3 Etats ont conduit un rapprochement historique.

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En ce moment même, la corne de l’Afrique est bousculée par les intérêts de deux puissances régionales.D’un côté, l’Egypte, de l’autre l’Ethiopie. Tout cela dans les entourages de Djibouti, base militaire stratégique pour de nombreux pays.

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Au début de l’année 2024, l’Ethiopie a signé un accord historique avec le Somaliland, cette province de la Somalie qui a déclaré son indépendance en 1991 et qui l’est de facto, même si aucun Etat ne le reconnait.L’Ethiopie a fait un pas vers la reconnaissance du Somaliland.

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En contrepartie, le Somaliland s’engage à donner le contrôle d’une partie de ses côtes à l’Ethiopie pour une durée initiale de 50 ans, elle qui n’a pas accès à la mer depuis l’indépendance de l’Erythrée.

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Si l’Ethiopie a besoin d’un accès a la mer Rouge, elle dispose aussi d’un avantage considérable, le contrôle du Nil bleu.Le barrage de la Renaissance (GERD) qui s’approche des dernières phases de remplissages est au cœur de la discorde avec l’Egypte.

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Entre les deux pays, c’est le Soudan. Depuis 2019, le pays était plutôt favorable à l’Egypte, elle qui entreposait des Mig-29 sur la base aérienne de Merowé au nord du pays, comme une menace vers l’Ethiopie.Mais le 15 avril 2023, la guerre civile a éclaté.

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D’un côté, les forces de soutien rapide (RSF), soutenues par les Emirats-Arabes-Unis et de l’autre l’armée Soudanaise.L’Egypte et l’Ethiopie sont restés très prudents, au risque de perdre un éventuel partenaire Soudanais.
L’Egypte supporte plutôt les SAF et l’Ethiopie les RSF.

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La guerre civile au Soudan n’est pas la seule guerre de la région. En ce moment même, l’Ethiopie est secouée par un conflit interne de plus en plus présent, entre les milices Fano de la région Amhara et les forces gouvernementales.

Et un troisième conflit régional est toujours présent, c’est celui en cours entre les terroristes d’Al Shababs et l’armée Somalienne.La Somalie a beaucoup progressé et l’aide de la Turquie et de l’Egypte pourrait l’aider à gagner.

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Il y a un peu plus d’un mois, l’alliance entre la Somalie et l’Egypte avait provoqué un lourd cycle de tensions.Il faut bien comprendre que la Somalie a cherché instinctivement un nouvel allié face à l’alliance Ethiopie-Somaliland.

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L’alliance Egypte-Erythrée-Somalie n’a rien d’anodin.En 2019, l’Ethiopie, qui venait de faire la paix avec l’Erythrée s’était allié avec celle-ci (pour battre les Tigréens, peuple du nord qui se se rebellait contre le pouvoir central) et la Somalie pour battre Al Shababs. 

Durant la guerre du Tigré en 2020, l’armée Erythréenne a participé aux offensives, se rendant coupable de nombreux crimes contre les Tigréens.En effet, les Tigréens étaient au pouvoir durant la guerre d’indépendance de l’Erythrée et la guerre aux frontières nord de l’Ethiopie.

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Le grand projet du premier ministre Ethiopien Abiy Ahmed, c’est de faire de l’Ethiopie une grande puissance, rejoignant par exemple les BRICS début 2024.Mais l’Ethiopie, sans accès à la mer est coincée dans ses montagnes. 

Plusieurs solutions s’offraient à elle : la force, (annexer un territoire en Somalie ou en Erythrée), le coût économique (louer des parts du port de Djibouti) ou alors diplomatique, (en s’alliant avec le Somaliland).C’est cette dernière option qui a été choisit et qui inquiète.

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Face à l’Ethiopie, l’Egypte a donc choisit de s’allier à plusieurs Etats de la région qui cherchaient justement des alliés (Somalie pour battre les terroristes et garantir sa souveraineté et Erythrée pour perdre son statut d’Etat Paria – surnommée la Corée du Nord d’Afrique). 

Cette rencontre historique à Asmara est le symbole d’un grand jeu diplomatique qui ne tardera pas à inquiéter d’autres puissances régionales (Kenya, Turquie, Emirats, Arabie Saoudite) et internationales (Chine, Inde, Russie, France, USA…).

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Les enjeux géopolitiques et militaires de la Corne de l’Afrique relatent d’une complexité des acteurs et des enjeux.Clément Molin

 

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