Le rejet de la candidature de Georgescu aux prochaines élections présidentielles
D’après la commission électorale roumaine, qui s’appuie sur le jugement rendu en décembre par la cour constitutionnelle, Călin Georgescu ne remplirait pas « les conditions de légalité » car il aurait enfreint « les règles démocratiques d’un suffrage honnête et impartial ».
Călin Georgescu, pro-russe et candidat indépendant d’extrême droite, est accusé d’ingérence russe. À son domicile, les enquêteurs auraient trouvé des armes d’assaut ainsi que, dans un coffre-fort, 1 milliard de dollars. Son mercenaire, Horațiu Potra, en charge de sa sécurité, est décrit comme étant un proche de l’organisation paramilitaire Wagner.
Horațiu Potra, recherché depuis le 28 février 2025 pour incitation à la violence et divers crimes liés à l’ordre constitutionnel, a appelé les partisans de Georgescu à se rendre armés de fusils, de faux ou encore de haches à Bucarest.

En réponse à ces accusations, Georgescu accuse sur Facebook les autorités roumaines d’être « un système communiste-bolchévique » et qualifie ces accusations « d’odieux abus ». Selon lui, elles chercheraient à inventer des preuves pour « justifier le vol de l’élection » et tout mettre en œuvre pour « bloquer » sa nouvelle candidature présidentielle. Pour information, en Roumanie depuis le régime du dictateur Nicolae Ceaușescu, tout parti assimilé au communisme et au socialisme est extrêmement marginalisé et vu comme hostile. Pourtant, ça n’empêche pas à Georgescu d’idolâtrer ouvertement le président Poutine.
Un soutien affirmé de la Maison Blanche
En réponse à ce verdict rendu par l’instance, le nouveau gouvernement de la Maison Blanche n’a pas hésité à exprimer son soutien au candidat pro-russe et anti-système.
Elon Musk s’est empressé de réagir sur X : « C’est de la folie », en republiant un tweet d’un média affirmant la fin de la démocratie en Europe et en Roumanie. Le vice-président JD Vance a accusé les autorités roumaines d’avoir annulé des élections car elles n’aimaient pas les résultats. Il affirme : « Elles ont si peur de leur peuple qu’elles le font taire. »
Encouragés par ces déclarations, les partisans de Georgescu se sont empressés d’aller manifester dans le centre-ville de Bucarest dimanche soir. Déployant des banderoles adressées directement au président Trump : « Aidez-nous à récupérer notre pays ! », ce n’est pas la première fois que les fidèles de Georgescu s’adressent au 47e président des États-Unis depuis l’annulation des dernières élections.

Des manifestations violentes : l’indignation des partisans de Georgescu
Les manifestations d’hier soir ont pris une tournure radicale quand des partisans ont violemment attaqué le bâtiment du Parlement, là où se trouve les locaux de la Commission électorale. Des partisans, déguisés en gendarmes pour mieux se fondre dans la masse, ont tenté de rentrer dans les locaux. Finalement, ils ont tenté de forcer le barrage en jetant des bouteilles, des pétards et en brûlant divers objets tels que des meubles. Les gendarmes ont tenté de disperser les foules à coup de gaz lacrymogènes. Le bilan est de 13 gendarmes blessés, celui des protestataires n’a pas été rapporté.

De plus, trois députés du parti politique AUR (parti d’extrême droite) auraient participé aux manifestations. Ils auraient même coordonné les activités des manifestants. Suite à l’intensification des manifestants violents, ils auraient quitté la zone.

L’un d’eux, Tiberiu Claudiu Barstan, a retransmis en direct sur son profil Facebook la manifestation qui a très vite dégénéré près du siège du Bureau électoral. Sur ses réseaux, il a posté un message dont voici un extrait traduit :
« Chers Roumains, Aujourd’hui, malheureusement, nous sommes témoins d’une nouvelle atrocité commise contre notre démocratie ! La décision abusive du BEC de rejeter la candidature de Călin Georgescu n’est pas seulement une violation flagrante des droits des citoyens, mais une grossière insulte à tous les Roumains qui veulent un vrai changement ! Il n’y a aucune raison valable pour ce rejet ! C’est un acte désespéré d’un système corrompu qui craint la vérité, la transparence et le désir du peuple de mettre fin à la mafia politique qui détruit notre pays. Le système ne veut pas perdre son pouvoir, et ces abus sont la preuve évidente que les intérêts personnels des hommes politiques sont au-dessus de la volonté du peuple. Grâce à la candidature de Călin Georgescu, les Roumains ont cru en un espoir, ils ont senti qu’ils pouvaient sortir de ce cercle vicieux du mensonge et de la corruption. Mais que font les autorités ? »
Ce message revendicatif pour les « droits du peuple » soulève certaines questions : y a-t-il réellement de l’espoir à travers le programme de Georgescu ou celui de l’AUR ? Dans un pays marqué par la corruption et le mensonge, comme il l’affirme, est-il judicieux de vouloir élire un candidat conspirationniste accusé d’ingérence russe ? Pour rappel, Georgescu a remis en question l’avis des experts sur le réchauffement climatique, le qualifiant d’arnaque destinée à « faire peur aux gens ». Il est persuadé que l’homme n’a jamais marché sur la Lune et a affirmé avoir rencontré un extraterrestre à l’ONU. Enfin, pour n’en citer que quelques-uns, il a été inculpé et mis en examen pour plusieurs infractions, notamment pour fausses déclarations concernant ses dépenses de campagne, apologie de crimes de guerre et de génocide, ou encore création d’une organisation fasciste.
Quel avenir pour Călin Georgescu et l’extrême droite en Roumanie ?
Călin Georgescu a fait appel dans l’après-midi devant la Cour constitutionnelle, où son cas sera réévalué. En attendant, de nouvelles manifestations dans la capitale roumaine ont encore eu lieu ce lundi 10 mars en soutien au candidat euro-sceptique.
Les spécialistes se posent déjà la question de savoir qui pourrait prendre la relève dans le camp de l’extrême droite pour les élections présidentielles à venir, dont le premier tour est attendu le 4 mai 2025. Certains estiment que George Simion, président du parti AUR (Alianța pentru Unirea Românilor), serait le mieux placé pour se présenter.

Afin de garantir la possibilité de la candidature de Simion, Georgescu et lui se sont rencontrés ce lundi matin pour discuter de cette éventualité.
Simion a souligné que le rejet de la candidature de Georgescu par le Bureau Central Electoral (BEC) représente un « nouvel abus » et une continuation du « coup d’État » qui aurait eu lieu lors du processus électoral de décembre.
Il a également déclaré que le recours déposé par Călin Georgescu auprès de la Cour Constitutionnelle de Roumanie (CCR) était un droit légitime, soulignant que le BEC n’avait pas l’autorité pour rejeter le candidat. Il a également exprimé son opposition en affirmant : « Ils devraient être écorchés sur la place publique », en faisant référence aux responsables supposés du « coup d’État » en lien avec l’annulation des élections. Par la suite, il a nuancé ses propos, précisant qu’il souhaitait les « dépouiller de leurs privilèges de manière pacifique et démocratique ».

En outre, les prochaines élections présidentielles, qui auront lieu dans un peu plus de deux mois, restent encore complexes à analyser. La Cour constitutionnelle cédera-t-elle aux pressions de Călin Georgescu et des 40 % d’intentions de vote en sa faveur ?
Sources : Euronews Romania, France 24, FranceInfo, Le Monde, TV5 Monde, Toute l’Europe, La Croix, X, Facebook.